vendredi 25 mai 2012

La viande rouge au banc des accusés


Depuis plusieurs années, la viande rouge est pointée du doigt pour avoir un effet néfaste sur la santé des individus. Certains groupes de recherche rapportent des statistiques inquiétantes sur le sujet. Par exemple, manger seulement une portion de viande rouge par jour augmenterait le risque de développer un cancer de 27% (REF). Les professionnels de la santé affirment que la viande rouge et les charcuteries affectent négativement la santé métabolique des individus (REF). Dans une étude portant sur 37 000 hommes, et plus de 83 000 femmes, il a été démontré que la consommation de viande rouge est associée à un risque accru de mortalité prématurée toutes causes confondues, de maladies cardio-vasculaires, ainsi que de cancer (REF). Récemment, la consommation de viande rouge a aussi été associée au diabète de type 2 (REF). Une étude menée par Samaha et al. (2003) a montré que des aliments riches en lipides et en protéines, comme la viande rouge, pourraient accélérer le processus d'athérosclérose et mener à des maladies cardio-vasculaires (REF)

La viande rouge comprend le bœuf, le porc et l’agneau. Cependant, une faille méthodologique importante dans plusieurs études est l’utilisation d’une définition très large pour la viande rouge incluant les viandes transformées, comme le bacon et le pepperoni. Selon certains auteurs il est important de faire une distinction entre la viande rouge et les produits transformés.  Ainsi, d’autres auteurs se questionnent non pas seulement sur la viande rouge, mais également sur d’autres viandes transformées avec l'utilisation d'hormones de croissance, comme la volaille par exemple. 

Est-ce seulement une question de la viande rouge ?

Même si l’association entre la viande rouge et le risque de mortalité est basé sur d’importantes études épidémiologiques, un auteur a récemment noté que la plupart des résultats sont basés sur une consommation auto-rapportée de viande ce qui pourrait avoir un impact sur le risque réel de mortalité (REF). Cependant, il est difficile d’avoir une mesure plus exacte de l’apport énergétique ainsi que la consommation de viande rouge dans genre d’étude comprenant plusieurs participants et normalement  plusieurs années suivi.

Par conséquent, on peut se demander si devenir végétarien est la solution pour notre santé ? La réponse est non! Il est recommandé de consommer des protéines animales quelques fois par semaine et de substituer les viandes rouges pour des viandes maigres comme du poisson. Par exemple, on peut remplacer une portion de viande rouge pour une portion de volaille ou de poisson qui contiennent des gras omégas 3. Les légumineuses ou des oeufs sont également des choix de mises. L’idéal serait donc de substituer sans toutefois éliminer totalement la viande rouge de votre alimentation (REF)

En résumé, il semble qu’une consommation de viande rouge hebdomadaire devrait être préconisée pour limiter des effets néfastes pour la santé métabolique. Une telle fréquence de consomation de viande rouge permettrait d’atteindre les recommandations de santé canada en ce qui à trait au fer et à la vitamine B12. 


Au cours des prochaines semaines, quelques étudiants au baccalauréat en  kinésiologie ou en récréologie de l’Université du Manitoba partageront leur connaissances sur différents sujets d’intérêts par l'entremise de notre blog.

Cette semaine le « post » est rédigé par Kendra Turl.   Elle effectue un stage de recherche avec la professeure Danielle R. Bouchard au cours de l'été.  Elle a effectué une recherce sur la viande rouge et son impact sur la santé qu’elle a accepté de partager avec nous.

Merci Kendra!
Danielle et Martin

vendredi 11 mai 2012

Est-ce qu’un écart de conduite justifie la perte du droit d’être traité?

Le nombre de personnes atteintes de diabète de type 2 ne fait qu’augmenter! En effet, les dernières estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé démontrent que la prévalence était de 177 millions en 2000 et elle atteindra plus de 300 millions d'ici 2025. Au Canada, on estime que la prévalence va passer de 4,2 en 2000 à 10,8 en 2020. Il existe des coûts directs et indirects associés au traitement du diabète qui passerait de 6918 millions en 2000 à 15921 millions en 2020. Ainsi, le diabète de type 2 représente une dépense majeure pour le système de santé, et ce, partout sur la planate (REF). Par conséquent, beaucoup de pays essaient présentement de trouver des solutions pour limiter les coûts. 

Selon un rapport publié le 23 avril dernier, les diabétiques hongrois devront se soumettre chaque trimestre à un test sanguin spécifique visant à contrôler leur consommation d'hydrates de carbone. Si un diabétique a un niveau sanguin plus élevé que normal, à deux occasions consécutives, il devra se contenter des médicaments coûtant moins cher à l’état et qui sont moins efficaces. En d'autres mots, le gouvernement dit ‘si vous ne voulez pas vous aider, on ne veut pas vous aider non plus!’ Cette mesure drastique a pour objectif de limiter les coûts astronomiques associés au traitement du diabète de type 2 en imposant une responsabilité individuelle. Cette façon de faire soulève bien sûr une question d’éthique médicale. 

Depuis l’annonce de cette mesure drastique, plusieurs médias ont rapporté la nouvelle. La plupart des articles traitant de la problématique manquent évidemment de précision quant à la méthode utilisée pour effectuer l’évaluation. De plus, il semble que le gouvernement hongrois ne s’attaque qu’au régime alimentaire des diabétiques alors que l’activité physique semble être également l’une des pierres angulaires de cette problématique. Par exemple, il est bien connu que pendant et après seulement 20 minutes de marche à 2mph chez les diabétiques on observe une baisse significative du glucose sanguin. En d’autres mots, une marche à intensité légère semble efficace pour réduire la glycémie et ainsi diminuer la dose de médicaments nécessaire chez cette population. Cependant, un médecin hongrois à affirmer que les diabétiques ne sont normalement pas indisciplinés (REF), ils ne peuvent tout simplement pas se payer de bons aliments. C’est possible, mais aller marcher 20 minutes dehors ce n’est pas vraiment dispendieux …sinon que d’organiser son horaire. En revanche, on pourrait aussi dire que les bananes, les légumineuses, les légumes congelés, sont des aliments sains et abordables.

Laissons le bénéfice du doute à ces grands esprits et prenons pour acquis que les diabétiques sont fautifs. On a tous une tante ou un oncle qui double sa dose d’insuline pour manger un morceau de sucre à la crème pendant le temps des fêtes. Cependant, couper les meilleurs traitements n’est probablement pas la bonne solution puisque le diabète engendre d’importantes complications telles que des problèmes rénaux. Ainsi, le fait de limiter l’accès aux meilleurs traitements risque d’augmenter l’apparition de ces complications et des coûts associés à ces complications qui pourraient dépasser le coût de l’insuline analogue pour tous.

Pour trouver un terrain d’entente, il serait possible de donner le choix aux individus. Par exemple, la taxe imposée aux obèses en Alabama (REF) (voir également 2 poids 2 mesures sur le blog) était aussi sujet de controverse. Cependant, dans ce programme, les individus obèses pouvaient accepter la taxe ou d’adhérer à un programme gouvernemental sur la modification des habitudes de vie.

Bref, il est vrai que le traitement du diabète coûte cher à la société et qu’il peut être frustrant de constater que la facture pour le traitement du diabète peut être augmentée à cause de mauvaises habitudes de vie des diabétiques. Cependant, avant d’accuser les diabétiques, le gouvernement hongrois pourrait peut-être envisager une récompense pour les diabétiques qui adhèrent à de bonnes habitudes de vie plutôt que de punir les diabétiques fautifs.