jeudi 22 juillet 2010

Ce n’est pas de ma faute si j’ai un surplus de poids n’est-ce pas ?

On entend souvent ici et là « ce n’est pas de ma faute si j’ai un surplus de poids, car toute ma famille est obèse » ou encore « je n’ai pas un surplus de poids, je suis seulement faite forte ». Ces commentaires sont plus ou moins vrais !

Parlons brièvement du lien entre la génétique et le poids corporel

Du 11 au 15 juillet, nous étions à Stockholm en Suède pour assister au plus important congrès d’obésité « International Congress on Obesity » qui à lieu tous les 4 ans. Plusieurs sujets ont été soulevés lors de cette conférence dont le lien entre la génétique et l’obésité. En fait, dans sa présentation intitulée « Genetic predictors » Dr. Ruth Loos nous a rappelé que 40 à 70 % du poids des gens est causé par la génétique. De façon simpliste, on peut dire qu’entre 80 lb et 140 lb d’une personne qui pèse 200 lb sont expliquées par sa génétique. Il en reste donc entre 60 et 120 lb qui sont déterminées par les habitudes de vie et d’autres facteurs !!!

De plus, lors de cette présentation le Dr Ruth Loos a mis en évidence l’existence de certaines compagnies qui offrent leurs services aux couples afin de déterminer si leur enfant deviendra obèse ou non une fois à l’âge adulte. Cliquez sur le lien pour avoir un  exemple. Le paradoxe est que même si le poids corporel est expliqué en bonne partie par les gènes, l’évaluation des gènes associés à l’obésité lorsque bébé ne permet pas de prédire si l’enfant sera obèse à l’âge adulte. En effet, les scientifiques démontrent un taux d’erreur d’environ 80 % !!! Malgré tout cela, certains tombent dans le panneau et investissent des sommes importantes, au bonheur des compagnies. En contrepartie, il semble que le poids des parents ainsi que le poids pris au cours de la grossesse prédiraient davantage si l’enfant sera obèse ou non. Par exemple, les enfants en surpoids âgés d'une dizaine d'années ayant au moins un parent obèse ont un risque de 80 % de devenir obèses à l'âge adulte contre 10 % de risque si les deux parents sont maigres.

En conclusion, il est vrai que l’on ne peut pas changer notre génome alors à quoi bon s’y attarder, attaquons plutôt la proportion que l’on peut contrôler! Dès lors, lorsqu’on cherche la cause d’un surpoids chez un individu on se doit de réviser ses habitudes de vie (diète, activité physique, sommeil, tabagisme, alcool, etc.) et consulter des professionnels au besoin afin d’atteindre un mode de vie sain pour rétablir le poids corporel graduellement.

2 commentaires:

  1. Mon dieu c'est rendu fou ! Bravo pour vos post, c'est court et intéressant

    Je suis nutritioniste et je regarde votre post à chaque 2 semaines. Ça fait du bien de voir quelque chose de critique en français provenant de bonnes sources.

    Lise

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  2. Pour ceux qui sont intéressés par la composante génétique de l'obésité, Bouchard et coll. ont aussi publié une étude très révélatrice utilisant un protocole qui est impossible à répliquer pour des raisons éthiques. Brièvement, son groupe de recherche a utilisé des jumeaux identiques qui ont été suralimentés pendant plusieurs semaines. Par la suite, leur prise de poids était évaluée. Si le seul facteur d'influence avait été la génétique, il va sans dire que leur prise de poids aurait été égale car les jumeaux identiques possèdent le même bagage génétique. Évidemment, ce ne fut pas le cas ce qui constitue une excellente nouvelle pour ceux qui veulent perdre du poids. Peu importe votre génétique, vous pouvez avoir un poids "normal" et exercer un certain contrôle sur votre silhouette. C'est plus facile pour certains que pour d'autres mais ça demeure possible. Les seules exceptions à cette règle sont les rares cas (peut-être 200 au monde) d'obésité monogénique (un gène est inactivé comme celui codant pour les récepteurs à la leptine) mais en toute probabilité, vous n'en rencontrerez jamais!

    Merci pour ces discussions intéressantes!

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