mercredi 31 août 2011

Est-ce qu’un traitement de PERTE DE POIDS est souhaitable pour tous les OBÈSES?

Lorsque l’on pense à un traitement pour contrer l’obésité, la première chose qui nous vient en tête est la PERTE DE POIDS!  Cependant, lorsque l’on compare des gens obèses avec des gens de poids sains, les obèses n’ont pas toujours plus de problème de santé ou plus de risque de mourir rapidement que les autres! Vous connaissez certainement quelqu’un dans votre entourage qui a un surplus de poids, sans toutefois avoir un problème de santé diagnostiqué tel que l’hypertension artérielle, le diabète de type 2 ou un problème de cholestérol.  En effet, de plus en plus de preuves scientifiques démontrent l’absence de désordres métaboliques chez une catégorie d’individu s obèses, soit les obèses métaboliquement sains (REF).
 
En 2009, un groupe de chercheurs, basé à Edmonton, a développé un système de classification intitulé l’Edmonton Obesity Staging Score (EOSS).  Cette classification amène les cliniciens à se poser la question suivante : « Est-ce qu’une perte de poids serait réellement bénéfique pour mon client ? ».  L’objectif principal de cette classification est de faire de meilleures recommandations quant à la perte de poids, chez les patients obèses. Cette classification comprend 5 stades et s’adresse aux individus ayant un IMC ≥ 30. Voici brièvement l’EOSS.

STADES
Brève description

Recommandations
0
Aucun problème de santé métabolique, psychologique ou fonctionnel.
Amélioration des habitudes de vie
Maintien du poids
1
Problème de santé métabolique près des limites de la condition ex. : résistance à l’insuline, tension artérielle >130/85, douleur ou fatigue occasionnelle, articulations fragiles, etc.
Amélioration des habitudes de vie
Maintien du poids
2
Diagnostic de problème métabolique ex. : hypertension, diabète de type 2, dépression, atteintes dans les activités de la vie quotidienne, maux de dos, goutte, etc.
Amélioration des habitudes de vie
Perte de poids
3
Organes atteints sérieusement ex. : infarctus du myocarde, prise d’insuline, apnée du sommeil, ostéoarthrite majeure, etc.
Amélioration des habitudes de vie
Perte de poids
4
Risque de mort lié aux complications associées à l’obésité.
Amélioration des habitudes de vie
Perte de poids
REF : Sharma & Kushner 2009

Dans un premier temps, l’EOSS suggère que la perte de poids n’est pas nécessaire pour tous les obèses. En effet, les gens classés aux stades 0 et 1 et n’ayant aucun problème de santé associé à l’obésité ne devraient pas recevoir de recommandation visant la perte de poids. Les recommandations émises devraient plutôt viser l’amélioration de leurs habitudes de vie afin de prévenir un gain de poids supplémentaire. C’est lorsque les problèmes métaboliques font leur apparition (stades 2-4) que la perte de poids devient une priorité pour les personnes obèses.

Considérant que d’autres indicateurs cliniques tels que l’indice de masse corporelle (IMC) et la circonférence de taille ont fait leur preuve en terme de prédiction de la mortalité, en quoi l’EOSS améliore-t-il nos connaissances? Deux études évaluant l’utilité de l’EOSS ont récemment été publiées. L’une de ces études compare les différentes catégories d’IMC aux différents stades de l’EOSS ainsi que leur capacité respective à identifier les individus à risque de mortalité, toutes causes confondues (REF). Les résultats de cette étude sont clairs. La capacité de l’EOSS à prédire le risque de mortalité est extrêmement évidente tandis que la capacité de l’IMC (utilisé seul) à prédire la mortalité est douteuse.  Bref, ce que l’article nous apprend c’est que lorsque nous utilisons les différentes catégories de l’EOSS, nous prédisons mieux le risque de mortalité, chez les individus obèses, que lorsque nous utilisons leur IMC.

      La semaine dernière, une deuxième étude fut publiée. Elle investiguait 28 000 personnes, dont 6 000 obèses, sur une période de 16 années. L’objectif de cette étude était de vérifier si l’EOSS permettait de prédire le risque de mortalité du cancer ou d’une maladie coronarienne, soit les 2 maladies les plus meurtrières au Canada. Voici les principaux résultats:
            Les gens obèses stades 0 et 1
o  ont le même risque de mortalité (toutes causes confondues) que les gens de poids sains.
o ont un risque de mortalité d’une maladie coronarienne moindre que les gens de poids sains.
o  ont un risque de mortalité du cancer plus élevé que les gens de poids sains.
       La classification ne permet pas de prédire le risque de mortalité de d’autres diagnostics.
En se basant sur les résultats de ces études, nous pouvons conclure que l’EOSS est un meilleur prédicteur du risque de mortalité que l’IMC. De plus, les individus obèses sans problème de santé normalement liés à l’obésité, sont plus à risque de mourir d’un cancer et moins à risque de mourir de maladies coronariennes qu’une personne ayant un poids sain.

Finalement, même si certains obèses sont moins à risque de mortalité que les gens de poids sains, il n’en reste pas moins que d’adopter de saines habitudes de vie demeure l’intervention de choix pour tous. Ce que l’EOSS ajoute réellement à vos connaissances c’est que pour certains obèses (stades 2-4), le changement des habitudes de vie doit être plus sévère afin de s’assurer d’une perte de poids et ainsi diminuer les complications associées à l’obésité et augmenter l’espérance de vie.

vendredi 19 août 2011

Existe-t-il différents niveaux de syndrome métabolique ?


Nous avons déjà fait un post sur le syndrome métabolique (SMet) et l’hétérogénéité de cette condition. Vous pouvez y référer ICI. En résumé, le SMet se définit comme une combinaison de 3 facteurs de risque et plus, parmi les suivants : tour de taille élevé,  glycémie élevée, haut niveau de triglycérides, tension artérielle élevée et enfin, faible taux de cholestérol-HDL.

Plusieurs études ont démontré que les individus ayant un SMet sont plus à risque de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et d’autres conditions non-métaboliques. Néanmoins, ce risque diffère considérablement selon le nombre de facteurs présents (3, 4 ou 5) ainsi que le seuil utilisé pour déterminer la présence de chacun de ces facteurs. Les différentes combinaisons possibles de facteurs influencent aussi le risque (REF). Concrètement, cela veut dire que deux patients avec le SMet peuvent avoir un risque réel de présenter une maladie TRÈS différent. 

La définition du SMet implique cinq éléments, dont trois utilisent un seuil inférieur à celui de la condition individuelle (tension artérielle, triglycérides, glycémie à jeun). Par exemple, le seuil établi pour être diagnostiqué hypertendu est de 140/90mmHg, tandis que le seuil utilisé pour considérer la tension artérielle comme un critère du SMet est de 130/85 mmHg. Ceci démontre qu’avec une combinaison de trois facteurs ou plus,  le seuil considéré à risque est à la baisse. Dès lors, on peut s’avancer et dire que certaines personnes ont un SMet avec un profil métabolique relativement altéré (notre appellation : SMet modéré) alors que d’autres peuvent avoir un SMet avec un profil métabolique très détérioré (notre appellation : SMet sévère). 




Dans un article récemment soumis pour publication, notre groupe de recherche s’est intéressé au sujet.  Nous avons étudié s’il existait des différences entre ces deux groupes d’individus en utilisant une banque de données américaine qui incluait 3000 participants âgés entre 18 et 85 ans avec un SMet modéré ou un SMet sévère

Lorsque ces deux groupes d’individus sont comparés, plusieurs différences sont observées. Par exemple, le nombre de minutes d’activité physique par semaine auto-rapporté était respectivement de 71,3 minutes dans le groupe SMet modéré et de 45,1 minutes dans le groupe SMet sévère. La proportion d’individus qui rapportait faire de l’activité physique vigoureuse était de 20% vs. 10% et la proportion d’individus qui rapportait faire de la musculation était de 43% vs. 29% respectivement.

De plus, la santé cardio-vasculaire et la capacité physique des individus dans le groupe SMet sévère étaient nettement inférieures au groupe SMet modéré. Par exemple, chez les individus âgés de 50 ans et moins, le groupe SMet modéré avait un Vo2 max de 39 ml/kg/min vs. 32 ml/kg/min pour le groupe SMet sévère. Dans le même ordre d’idées, les individus du groupe SMet modéré présentaient une vitesse de marche supérieure aux individus du groupe SMet sévère.

Cette étude démontre qu’il existe des différences importantes en ce qui concerne le  niveau, l’intensité et le type d’activité physique entre les gens du groupe SMet modéré et les gens du groupe sévère. De plus, leur santé cardio-vasculaire et leur capacité physique sont aussi différentes; on remarque un avantage notable pour le groupe SMet modéré. Ainsi, nous nous permettons d’avancer l’hypothèse que les individus avec un SMet sévère pourraient bénéficier davantage d’une intervention visant l’augmentation de leur niveau d’activité physique et conséquemment diminuer le niveau de leurs facteurs de risque. Une étude clinique nous permettrait de répondre à la question.

En conclusion, il est important de ne pas considérer et traiter tous les patients avec un SMet de la même façon, car ils présentent différentes caractéristiques. Il risque de s’écouler plusieurs années avant l’apparition d’un système de classification (SMet modéré vs. SMet sévère) et différents traitements tenant compte du type de SMet. Par contre, d’ici ce temps, il est important d’être conscient de cette différence.


MERCI À CATHERINE LESTAGE POUR LA CORRECTION  DU TEXTE

vendredi 5 août 2011

Transition !


Bonjour à tous, nous sommes en transition et donc absents du bureau pour 2 semaines, le prochain post sera le 19 août. 

Danielle débute un poste de professeure à University of Manitoba et Martin part pour 4 mois à Bâton-Rouge en Louisiane (État-Unis) pour un stage de 4 mois au Pennington Biomedical Center.  

D’ici là nous vous invitons à vous inscrire à la première journée du Réseau Canadien sur l’Obésité (RCO) –Chapitre de Sherbrooke.  Cette journée aura lieu le 9 septembre 2011 au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke.  Elle s'adresse à tous les étudiants, jeunes professionnels de recherche ainsi qu'à tous les professeurs/chercheurs qui s'intéressent à la problématique.

Vous avez jusqu'au 31 août pour vous inscrire et c'est GRATUIT pour les 50 premières inscriptions, ensuite le coût sera de 15$ (payable le matin même de l'évènement). Pour information ou inscription: rco@usherbrooke.ca

Merci de votre participation au succès du blog.  Déjà plus de 5000 visiteurs !

À bientôt,
Martin et Danielle