vendredi 11 mai 2012

Est-ce qu’un écart de conduite justifie la perte du droit d’être traité?

Le nombre de personnes atteintes de diabète de type 2 ne fait qu’augmenter! En effet, les dernières estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé démontrent que la prévalence était de 177 millions en 2000 et elle atteindra plus de 300 millions d'ici 2025. Au Canada, on estime que la prévalence va passer de 4,2 en 2000 à 10,8 en 2020. Il existe des coûts directs et indirects associés au traitement du diabète qui passerait de 6918 millions en 2000 à 15921 millions en 2020. Ainsi, le diabète de type 2 représente une dépense majeure pour le système de santé, et ce, partout sur la planate (REF). Par conséquent, beaucoup de pays essaient présentement de trouver des solutions pour limiter les coûts. 

Selon un rapport publié le 23 avril dernier, les diabétiques hongrois devront se soumettre chaque trimestre à un test sanguin spécifique visant à contrôler leur consommation d'hydrates de carbone. Si un diabétique a un niveau sanguin plus élevé que normal, à deux occasions consécutives, il devra se contenter des médicaments coûtant moins cher à l’état et qui sont moins efficaces. En d'autres mots, le gouvernement dit ‘si vous ne voulez pas vous aider, on ne veut pas vous aider non plus!’ Cette mesure drastique a pour objectif de limiter les coûts astronomiques associés au traitement du diabète de type 2 en imposant une responsabilité individuelle. Cette façon de faire soulève bien sûr une question d’éthique médicale. 

Depuis l’annonce de cette mesure drastique, plusieurs médias ont rapporté la nouvelle. La plupart des articles traitant de la problématique manquent évidemment de précision quant à la méthode utilisée pour effectuer l’évaluation. De plus, il semble que le gouvernement hongrois ne s’attaque qu’au régime alimentaire des diabétiques alors que l’activité physique semble être également l’une des pierres angulaires de cette problématique. Par exemple, il est bien connu que pendant et après seulement 20 minutes de marche à 2mph chez les diabétiques on observe une baisse significative du glucose sanguin. En d’autres mots, une marche à intensité légère semble efficace pour réduire la glycémie et ainsi diminuer la dose de médicaments nécessaire chez cette population. Cependant, un médecin hongrois à affirmer que les diabétiques ne sont normalement pas indisciplinés (REF), ils ne peuvent tout simplement pas se payer de bons aliments. C’est possible, mais aller marcher 20 minutes dehors ce n’est pas vraiment dispendieux …sinon que d’organiser son horaire. En revanche, on pourrait aussi dire que les bananes, les légumineuses, les légumes congelés, sont des aliments sains et abordables.

Laissons le bénéfice du doute à ces grands esprits et prenons pour acquis que les diabétiques sont fautifs. On a tous une tante ou un oncle qui double sa dose d’insuline pour manger un morceau de sucre à la crème pendant le temps des fêtes. Cependant, couper les meilleurs traitements n’est probablement pas la bonne solution puisque le diabète engendre d’importantes complications telles que des problèmes rénaux. Ainsi, le fait de limiter l’accès aux meilleurs traitements risque d’augmenter l’apparition de ces complications et des coûts associés à ces complications qui pourraient dépasser le coût de l’insuline analogue pour tous.

Pour trouver un terrain d’entente, il serait possible de donner le choix aux individus. Par exemple, la taxe imposée aux obèses en Alabama (REF) (voir également 2 poids 2 mesures sur le blog) était aussi sujet de controverse. Cependant, dans ce programme, les individus obèses pouvaient accepter la taxe ou d’adhérer à un programme gouvernemental sur la modification des habitudes de vie.

Bref, il est vrai que le traitement du diabète coûte cher à la société et qu’il peut être frustrant de constater que la facture pour le traitement du diabète peut être augmentée à cause de mauvaises habitudes de vie des diabétiques. Cependant, avant d’accuser les diabétiques, le gouvernement hongrois pourrait peut-être envisager une récompense pour les diabétiques qui adhèrent à de bonnes habitudes de vie plutôt que de punir les diabétiques fautifs.

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