vendredi 29 avril 2011

Est-ce que le syndrome métabolique est important d’un point de vue clinique?

Est-ce que le syndrome métabolique (SynM) vous dit quelque chose? Non. Dans ce cas, vous le connaissez peut-être sous le nom de: « Syndrome X, Deadly Quartet, Insuline Resistance Syndrome, Pre-diabetes, Dysmetabolic Syndrome, Plurimetabolic Syndrome, Cardiovascular Syndrome, Cardiometabolic Syndrome, Reaven’s Syndrome, Dyslipidémique Hypertension, Hypertriglyceridemic Waist ». C’est Kylin en 1923 qui était le premier à décrire l’existence du SynM en parlant d’une combinaison d’anomalies métaboliques. Ce n’est qu’en 1988 que Reavens eut le mérite de publier l’existence du SynM dans la prestigieuse « Banting Lecture » de « l’American Diabetes Association ». Il popularisa ensuite le terme « Syndrome X » et contribua ainsi à l’intensification des recherches sur le sujet. Tel que mentionné ci-haut, plusieurs autres chercheurs qui travaillent sur cette thématique ont proposé plusieurs termes. Aujourd’hui, il est généralement bien connu sous le nom de SynM

C’est l’Organisation mondiale de la santé en 1998 qui a été la première à proposer une définition claire et précise du SynM. Néanmoins, la définition la plus populaire est celle du « National Cholesterol Education Panel », qui décrit le SynM comme étant une combinaison d’un minimum de 3 critères parmi les 5 suivants : circonférence de taille élevée (≥ 88 cm chez les femmes, ≥102 cm chez les hommes), hypertriglycéridémie (≥ 1,70 mmol/L), faible taux de HDL-chol (< 1,30 mmol/L chez les femmes et < 1,04 mmol/L chez les hommes), hyperglycémie (≥ 6,1 mmol/L) et une tension artérielle (systolique ≥ 135,  diastolique ≥ 85). Bref, le SynM représente une constellation d’anomalies métaboliques qui augmente le risque pour la santé d’un individu.



Le concept du SynM a fait couler beaucoup d’encre. En effet, avec le terme « metabolic syndrome » on peut répertorier 34 618 articles scientifiques sur le site de la librairie nationale médicale américaine. Au cours des dernières années, plusieurs articles ont été publiés principalement parce que les scientifiques ont remis en cause 3 aspects : l’absence de définition universelle, l’absence de traitement spécifique pour le synM et l’incongruence de l’interaction entre les facteurs de risque. Néanmoins, Alberti et al 2009, ont proposé une nouvelle définition du SynM qui harmonise l’ensemble des définitions proposées jusqu’à aujourd’hui et il existe des données démontrant une augmentation accrue du risque chez des individus ayant le SynM comparativement à ceux sans SynM. Pour ce qui est du traitement il est vrai qu’il n’en existe actuellement aucun.  Par exemple, l’hypertension est traitée de la même manière identique chez un individu ayant le SynM incluant l’hypertension vs. un individu hypertendu. 

Le SynM est important puisque le volume des plaques athéromateuses est plus important au niveau de l’aorte et des artères coronaires chez les individus ayant le SynM. De plus, il semble que cette association augmente en fonction du nombre de critères du SynM de l’individu (Berenson et al. 1998, Wendy et al. 2005). Ainsi, les individus ont un risque accru de développer certains problèmes cardiovasculaires. Dans le même ordre d’idées, les individus ayant SynM sont 5 x plus à risque d’avoir le diabète de type 2. Le SynM serait également associé à d’autres problèmes de santé non négligeables tels que le syndrome des ovaires polykystiques, le cancer du sein, de l’utérus, de la prostate et du côlon, ou même une diminution des fonctions cognitives (Cavalieri et al. 2010, Bruzeau et al. 2005, Rosata et al. 2011).



Après plusieurs années de débat sur la nécessité de diagnostiquer et de traiter les patients avec SynM, il faut maintenant agir et implanter son diagnostic en clinique OU laissez tomber cette appellation une fois pour toutes. Comme mentionné par Georges Alberti en avril dernier à Madrid, le SynM est seulement une façon simple et concrète d’identifier les gens à risque de développer des maladies cardio-vasculaires ou un diabète de type 2 dans un avenir plus ou moins rapproché pour mieux intervenir dès le début des altérations métaboliques.



vendredi 15 avril 2011

Afficher la valeur nutritionnelle au restaurant, la solution pour réduire l’apport énergétique des clients ?


Depuis juillet 2008, une loi oblige les restaurateurs de la ville de New York à afficher l’apport énergétique (kcal) des aliments, et ce, au même titre que les prix sur les menus. Actuellement, Seattle, Santa Clara, San Francisco et d’autres villes américaines veulent emboîter le pas, alors que d’ici février 2012, tous les restaurants de l’Australie devront être conforme à cette nouvelle loi.  Les fautifs s’exposent à des contraventions allant de 200 à 2000$. Selon nous, cette loi est une très bonne initiative, mais nous nous questionnons sur son impact réel.

La théorie est la suivante : si le client connait la valeur énergétique des produits offerts, il pourra faire un choix basé sur l'apport énergétique..

Cependant, les choix santé ne font pas l’unanimité, car si c’était le cas un restaurant comme le « heartattackgrill n’existerait pas. Le menu du restaurent vous offre le choix entre le single, double, triple ou même le quadruple bypass burger. Selon nous, tous ces burgers sans exception ne sont pas juste un mauvais choix, ils sont même dangereux… Dès lors, même si les calories ne sont pas indiqués pour ces aliments, les gens sont présentement concients qu'ils représentent un choix néfaste pour leur santé.

Même si ce n’est pas unanime, il semble que la majorité des gens soient en faveur de cette loi. En Australie, 83% des 2400 individus interrogés étaient en faveur de cette loi alors que seulement 3% étaient formellement  contre. De plus, 67% affirmaient qu'une telle loi aurait un impact sur leurs choix alimentaires.

Néanmoins, depuis son implantation, il semble que les gens sont plus alertes face aux calories qu’ils ingèrent auz différents restaurantants. En effet, une étude effectuée dans 45 restaurants dont 15« fast food » démontre que 72% des gens remarquent désormais la valeur calorique des repas offerts dans les restaurants comparativement à 38% alors que l'inscription de l'apport énergétique n'était pas obligatoire (LIEN). De plus, le nombre d’individus utilisant cette information pour faire leur choix est 2 fois plus élevé qu’avant l’implantation de cette loi.D’autres études effectuées dans la région de Washington, démontrent que suite à la loi de l'affichage de l'apport calorieque 20,4% des gens rapportent commander un repas davantage faible en calories et 16,4% un repas davantage faible en gras (LIEN). Malheureusement, il semble que chez les individus ayant un revenu faible, les effets ne soient pas aussi significatifs. En effet, une étude investiguant la thématique chez 1156 adultes de faible revenu démontre que les gens remarque ces informations, mais ne les utilisent pas pour faire leurs choixs (LIEN). De plus, les autorités publiques pensent que le programme instauré à New York permettrait de diminuer considérablement le niveau d’obésité chez 150 000 citoyens et prévenir l’incidence au diabète de type 2 de 30 000 cas en 5 ans. Cependant, une récente étude de la Fondation des maladies du coeur à affirmée que ces attentes étaient irréalistes.

L’affichage de l’apport calorique a aussi été investigué dans le choix de repas pour enfants par les parents.  Dans une étude incluant 99 parents, ceux-ci ont été distribués aléatoirement dans l’un des deux groupes. Les deux groupes devaient se présenter au McDonald l'un des 2 groupes avait accès à l'information nutritionnelle et l'autre non. Les parents devaient commander un repas pour eux et un autre pour leurs enfants. Les résultats démontrent que le groupe ayant accès au McDonald avec l’affichage des calories a commandé un repas moins calorique pour leur enfant comparativement aux parents qui allaient au McDonald sans l’affichage. Cependant, les parents ont commandé le même nombre de calories, et ce, indépendamment de leur groupe d’appartenance (LIEN).


Finalement, malgré la loi, ce n’est pas tous les gens qui utilisent ces informations pour faire leurs choix au restaurant. Cependant, plusieurs affirment qu’il est décourageant de voir que leurs préférences représentent la moitié de leur apport calorique quotidien (environ 1000 kcal) et n'aime pas changer leurs choix sur la base de l'apport énergétique. Le temps nous dira si cette loi a un impact sur la santé de la population. Cependant, une chose est certaine c'est que les gens ont maintenant de plus en plus de connaissances pour faire un choix santé.