vendredi 18 février 2011

Taxer les boissons gazeuses, la solution à l’obésité ?

Depuis quelque temps, la possibilité de taxer les boissons gazeuses a fait couler beaucoup d’encre et tout pousse à croire que ce n’est qu’une question de temps avant que votre petit « pop » soit taxé. L’objectif de taxer les boissons gazeuses est de limiter la consommation de sucre qui contribue au développement de l’obésité. Cependant, est-ce que nous devrions taxer les boissons contenant zéro calorie, c’est-à-dire les boissons gazeuses diètes? La question est légitime et ouvre un débat très intéressant. Malgré l’absence de calories, ces boissons n’offrent aucun avantage nutritif réel et doivent peut-être être taxées au même titre que les boissons gazeuses régulières. Considérant que 28 à 56 % des élèves boivent une boisson gazeuse ou d'autres boissons contenant du sucre et de la caféine cinq jours ou plus par semaine, il est important de trouver une solution pour diminuer la consommation de ces produits.


Avant d’amorcer cette discussion, il faut souligner que la consommation quotidienne de boisson sucrée augmente le risque d’obésité de 60 % LIEN. Cependant, cette consommation est souvent associée à d’autres comportements tels que la sédentarité, la consommation de malbouffe, le manque de sommeil, etc. Conséquemment, les boissons gazeuses ne peuvent pas être responsables à elles seules de l’augmentation de la prévalence de l’obésité.

Nous avons aussi eu échos que les boissons énergisantes seraient potentiellement incluses dans les produits taxés. Cependant, il faut garder en tête qu’indépendamment du type de boissons qui serait taxé, il n’en demeure pas moins, qu’il existe beaucoup de produits sur le marché vers lesquels les gens peuvent se tourner pour combler leur goût de sucre et de calories vides. Ces produits ont malheureusement beaucoup de calories et contribuent également à l’obésité en favorisant un déséquilibre énergétique. Bref, si on veut avoir un impact significatif sur la prévalence de l’obésité en taxant certains produits, il faut s’attaquer de façon concomitante aux calories contenues dans toutes les autres boissons sucrées (cappuccino glacé, café gourmet, jus, lait frappé, etc.).

Si l’on compare la lutte à l’obésité à celle du tabac, on constate de nombreux points communs. Des preuves scientifiques ont démontré qu’une augmentation de 10% du prix d’un paquet de cigarettes, permettrait de diminuer la consommation de tabac de seulement 3% à 5%. Cependant, la taxe sur le tabac semble avoir un effet plus important dans certaines catégories de la population : les jeunes et les gens pauvres. Par exemple, les données de Statistiques Canada démontrent une augmentation de la consommation du tabac plus importante chez les jeunes qui habitent des provinces ayant moins taxé le tabac. Du côté de la lutte contre l’obésité, une étude publiée en 2011 aux États-Unis a démontré qu’une taxe de 20% (0,10 à 0,30 sou par unité) permettrait de réduire le nombre de calories totales ingéré dans une journée de 32 kcal. Cette réduction se traduirait par une perte de 3 à 4 lb par année LIEN. Cependant, selon la Fondation des maladies du cœur du Canada, rien ne permet de conclure avec certitude qu'une hausse, même importante du prix des boissons sucrées, diminuerait la consommation.

La plupart des études démontrent que les Nord-Américains seront de plus en plus obèses au cours des prochaines années. L’impact d’une taxe sur les boissons gazeuses et/ou sucrées n’est pas clair, mais considérant l’ampleur du phénomène toute tentative est la bienvenue pour lutter contre ce fléau. Parmi ces actions, la coalition poids du Québec propose 3 autres initiatives pour que la taxe ne soit pas une initiative sans répercussions :

• Réinvestir l’argent de cette taxe dans la prévention.

• Encadrer les pratiques dans le domaine du marketing alimentaire et s’assurer du respect de la loi interdisant la publicité destinée aux enfants.

• Aménager nos villes et repenser les projets autoroutiers afin de favoriser le transport actif et collectif.

En conclusion, dans les années 70 c’était « cool » de fumer, en 2011 ce n’est plus le cas. Les gens ont eu besoin de plusieurs années avant de comprendre l’impact de la cigarette sur la santé. Ainsi, lorsqu’il s’agit de l’impact de la malbouffe sur la santé, la bataille est loin d’être gagnée. Cependant, peu importe si une taxe sur les boissons sucrées diminue ou non la fréquence de consommation et la prévalence à l’obésité, il faut comprendre qu’une telle taxe mettrait en évidence un message de santé publique démontrant que ces boissons ne sont définitivement pas un choix santé !






jeudi 3 février 2011

Devons-nous faire moins d’activité physique? Que nous disent réellement les nouvelles recommandations ?


Le guide d’activité physique canadien a été révisé sur la base des nouvelles données scientifiques recueillies depuis sa dernière version publiée en 1999. Dans cette capsule nous abordons le changement deslignes directrices au niveau des activités d’endurance (ex : marche, vélo…) récemment annoncées par la Société canadienne de physiologie de l’exercice et appuyées par Santé Canada.

Anciennes recommandations:4 à 7 jours par semaine à raison de 30-60 minutes par jour à intensité modérée.
Nouvelles recommandations: 150 minutes par semaine à intensité modérée OU 90 minutes  par semaine à intensité élevée.

Depuis l’annonce des nouvelles recommandations en décembre 2010,certains médias ont mentionné que les recommandations d’activité physique (AP) avaient été revues à la baisse, principalement parce que les gens étaient trop sédentaires et n’arrivaient pas à atteindre les anciennes recommandations !Nous avouons, qu’à première vue, la divulgation des nouvelles recommandations donne cette impression quand on calcul ladurée maximaledes anciennes recommandations : 7*60 minutes= 420 min par semaine vs. 150 minutes par semaine pour les nouvelles recommandations. Après quelques discussions, réflexions et quelques recherches il est clair que cette première impression est erronée.Le tout a donné lieu à des sorties publiques de l’Agence de santé publique du Canada ainsi que la Société canadienne de physiologie de l’exercice. L’une de ces sorties a été un séminaire diffusé sur le web.

Pour tous professionnels en activité physique, le défi a toujours été d’arriver à produire des recommandations claires et faciles afin de permettre aux gens de faire 30 minutes d’activité physique modérée le plus souvent possible [4 à 7 jours par semaine à raison de 30-60 minutes(ancien guide), effectuer au moins 10000 pas par jour ou maintenant, 150 minutes par semaines dans le nouveau guide].

Les nouvelles lignes directrices indiquent pour la première fois que des exercices d’une moins longue durée, mais, à intensité élevée peuvent être effectués pour atteindre les bienfaits au niveau de la santé. Lors de la publication des anciennes recommandations, il n’y avait pas encore d’évidences scientifiquesque des exercices avec intensité élevée permettaientd’acquérir des bénéficessimilaires en moins de temps que des exercices à intensité modérée. Dans les faits, on observe une relation entre l’intensité la quantité d’exerciceen forme de U inversé (Figure 1). Ainsi, les bienfaits de santé augmentent similairement avec l’intensité et le volume de l’activité physique jusqu’à un point ouil n’y a plus de bienfaits supplémentaires associés au fait d’augmenter encore l’intensité des exercices.
Désolé pour ceux qui étaient contents de voir qu’ils devaient faire moins d’activité physique pour maintenir une santé optimale.  Le message demeure le même « Adonnez-vous à un maximum d’activité physique quotidiennement pour optimiser les bienfaits santé.  Cependant, un minimum de 150 minutes par semaines d’activité physique à intensité modérée chez les adultes et un peu moins si l’intensité est élevée est nécessaire pour retirer des bienfaits santé optimaux. 
En conclusion les nouvelles recommandations doivent s’interpréter ainsi : 
  •  Des activités physiques à intensité élevée avec un volume inférieur permettent aussi d’atteindre une santé cardio-vasculaire optimale. 
  •   La relation entre le temps consacré à l’exercice et l’intensité pour optimiser les bienfaits santé est en forme de U inversé.
 Maintenant que le tout est clair, il faut maintenant informer les gens des nouvelles recommandations puisque seulement 15 % des adultes canadiens atteignent ces nouvelles recommandations et que les hommes le font en proportion plus importante comparativement aux femmes (17% vs. 14%). Même si on recommande depuis toujours de faire de l’activité physique à intensité modérée maintenant élevée, concrètement, comment savoir si notre intensité est modérée ou élevée ?