vendredi 19 août 2011

Existe-t-il différents niveaux de syndrome métabolique ?


Nous avons déjà fait un post sur le syndrome métabolique (SMet) et l’hétérogénéité de cette condition. Vous pouvez y référer ICI. En résumé, le SMet se définit comme une combinaison de 3 facteurs de risque et plus, parmi les suivants : tour de taille élevé,  glycémie élevée, haut niveau de triglycérides, tension artérielle élevée et enfin, faible taux de cholestérol-HDL.

Plusieurs études ont démontré que les individus ayant un SMet sont plus à risque de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et d’autres conditions non-métaboliques. Néanmoins, ce risque diffère considérablement selon le nombre de facteurs présents (3, 4 ou 5) ainsi que le seuil utilisé pour déterminer la présence de chacun de ces facteurs. Les différentes combinaisons possibles de facteurs influencent aussi le risque (REF). Concrètement, cela veut dire que deux patients avec le SMet peuvent avoir un risque réel de présenter une maladie TRÈS différent. 

La définition du SMet implique cinq éléments, dont trois utilisent un seuil inférieur à celui de la condition individuelle (tension artérielle, triglycérides, glycémie à jeun). Par exemple, le seuil établi pour être diagnostiqué hypertendu est de 140/90mmHg, tandis que le seuil utilisé pour considérer la tension artérielle comme un critère du SMet est de 130/85 mmHg. Ceci démontre qu’avec une combinaison de trois facteurs ou plus,  le seuil considéré à risque est à la baisse. Dès lors, on peut s’avancer et dire que certaines personnes ont un SMet avec un profil métabolique relativement altéré (notre appellation : SMet modéré) alors que d’autres peuvent avoir un SMet avec un profil métabolique très détérioré (notre appellation : SMet sévère). 




Dans un article récemment soumis pour publication, notre groupe de recherche s’est intéressé au sujet.  Nous avons étudié s’il existait des différences entre ces deux groupes d’individus en utilisant une banque de données américaine qui incluait 3000 participants âgés entre 18 et 85 ans avec un SMet modéré ou un SMet sévère

Lorsque ces deux groupes d’individus sont comparés, plusieurs différences sont observées. Par exemple, le nombre de minutes d’activité physique par semaine auto-rapporté était respectivement de 71,3 minutes dans le groupe SMet modéré et de 45,1 minutes dans le groupe SMet sévère. La proportion d’individus qui rapportait faire de l’activité physique vigoureuse était de 20% vs. 10% et la proportion d’individus qui rapportait faire de la musculation était de 43% vs. 29% respectivement.

De plus, la santé cardio-vasculaire et la capacité physique des individus dans le groupe SMet sévère étaient nettement inférieures au groupe SMet modéré. Par exemple, chez les individus âgés de 50 ans et moins, le groupe SMet modéré avait un Vo2 max de 39 ml/kg/min vs. 32 ml/kg/min pour le groupe SMet sévère. Dans le même ordre d’idées, les individus du groupe SMet modéré présentaient une vitesse de marche supérieure aux individus du groupe SMet sévère.

Cette étude démontre qu’il existe des différences importantes en ce qui concerne le  niveau, l’intensité et le type d’activité physique entre les gens du groupe SMet modéré et les gens du groupe sévère. De plus, leur santé cardio-vasculaire et leur capacité physique sont aussi différentes; on remarque un avantage notable pour le groupe SMet modéré. Ainsi, nous nous permettons d’avancer l’hypothèse que les individus avec un SMet sévère pourraient bénéficier davantage d’une intervention visant l’augmentation de leur niveau d’activité physique et conséquemment diminuer le niveau de leurs facteurs de risque. Une étude clinique nous permettrait de répondre à la question.

En conclusion, il est important de ne pas considérer et traiter tous les patients avec un SMet de la même façon, car ils présentent différentes caractéristiques. Il risque de s’écouler plusieurs années avant l’apparition d’un système de classification (SMet modéré vs. SMet sévère) et différents traitements tenant compte du type de SMet. Par contre, d’ici ce temps, il est important d’être conscient de cette différence.


MERCI À CATHERINE LESTAGE POUR LA CORRECTION  DU TEXTE

1 commentaire:

  1. Intéressant mais ouf, comment appliquer ça ? La définition du Syndrome métabolique est peut-être plus clair depuis quelques années mais le traitement ce n'est vraiment pas évident au niveau des médicaments.

    Bonne initiative de différencier les différents patients !
    Dr. Boulet

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