vendredi 3 août 2012

Avons-nous dépassé le seuil du droit à la liberté de sélection de nos aliments ?


Malgré l’importance qu’on accorde à l’image corporelle dans notre société, le nombre d’individus obèses ne diminue point. L’ampleur de la problématique nécessitera sans doute un effort collectif pour amortir le fléau. Les médias ne cessent de nourrir l’impact que pourrait avoir une taxe sur les aliments riches en gras saturés ou encore en sucre afin de contrer l’obésité via la diminution de la consommation de ces produits. Cette solution semble simple et logique, mais au contraire elle peut s’avérer difficile. Par exemple, certains aliments riches en matières grasses comme les avocats, l'huile d'olive, les poissons gras et les noix procurent des bienfaits pour la santé en dépit de leur teneur élevée en matières grasses. Peut-être faudrait-il tenir compte du type de gras (saturés vs insaturé)? Dans le même ordre d’idées, devrions-nous taxer le coke zéro alors qu’il n’y a aucun sucre dans cette boisson?

Un des problèmes majeurs de cette taxe est que les individus qui consomment occasionnellement ces produits seront également touchés par celle-ci. Même si l’on compare souvent la taxe sur les aliments gras et sucrés à celle de la cigarette, la situation est différente puisque dans le cas de la cigarette la taxe touchait uniquement les consommateurs de tabac alors que dans ce cas-ci, la taxe vise la diminution de l’obésité et par conséquent touche la population entière alors qu’il y a environ 40% de la population sans problème de poids. Ainsi, on peut se demander si nous avons dépassé le seuil nous permettant d’être libre dans la sélection de nos aliments? Certains diront que la modération à bien meilleur goût et que par conséquent c’est à nous, consommateurs, de faire nos choix, mais les études démontrent que la plupart des gens ne peuvent limiter leur consommation de sucre et de gras selon les directives de Santé Canada.

Dans un autre ordre d’idées, le niveau socio-économique influence négativement le niveau d’obésité (REF). En d’autres mots, les individus à faible revenue sont donc plus à risque d’obésité comparativement aux individus ayant un bon revenue. Puisque les aliments qui contiennent beaucoup de masse grasse et de sucres sont souvent peu dispendieux, les gens à faible revenue consomment davantage ces aliments. Ainsi, il est possible que cette taxe affecte de manière importante un sous-groupe de la population. Cependant, une taxe minimale de 20% serait nécessaire pour avoir un effet significatif sur la santé de la population (REF); un pourcentage imposant qui risque de choquer le consommateur, mais qui devrait ravir les autorités ! Malgré cela, l’effet de cette taxe n’est pas chose certaine. En effet, la taxe de vente est appliquée à la caisse seulement et par conséquent n’est pas visible sur les étalages. La taxe pourrait donc être négligée ou non considérée ce qui rendrait la taxe inefficace.

Cependant, l’idée d’une taxe sur les aliments riches en gras et en sucre peut-être intéressante. En effet, les fonds supplémentaires provenant de cette taxe pourraient être utilisés pour compenser le prix des aliments sains afin de les rendre accessibles pour tous! Une autre idée pourrait être d’utiliser l’argent pour éduquer les individus sur la nutrition et les aider à se nourrir sainement à petit prix comme proposé sur ce site (REF).

Ainsi, cette solution de la taxe est intéressante et demande davantage de réflexion afin qu’elle soit efficace cible les individus concernés. Le débat se poursuit et il n’est pas dit, qu’une telle taxe verra le jour.

Cette semaine, le ‘post’ à été écrit par Stephanie Zubrinski, étudiante en Kinésiologie à University of Manitoba.

2 commentaires:

  1. Anne-Marie Morel3 août 2012 à 16:48

    Bonjour,

    Les mesures fiscales, en particulier l’instauration d’une taxe alimentaire, sont des mesures de santé publique qui suscitent effectivement un intérêt grandissant.

    Au Québec, la Coalition Poids (www.cqpp.qc.ca) et ses partenaires réclament une taxe sur les boissons gazeuses et énergisantes. Cette cible est des plus intéressantes pour plusieurs raisons. D’abord, les boissons sucrées ne représentent aucun réel intérêt nutritionnel, contrairement à certains aliments nommés dans ce billet. Ensuite, une abondante littérature les associe fortement à l’obésité et au surpoids. Non seulement cela, mais les boissons sucrées sont aussi associées à une panoplie de maladies, et ce INDÉPENDAMMENT du poids (ex: maladies cardiovasculaires, diabète, problème de santé osseuse, etc.). Conséquemment, les risques de la surconsommation de ces boissons touchent toute la population, et particulièrement les enfants et les adolescents qui en sont tellement friands (chez les 14-18 ans, il se consomme en moyenne ½ litre de boissons sucrées par jour chez les garçons et 1/3 de litre chez les filles!). Pour toutes ces raisons, les boissons sucrées constituent une catégorie de malbouffe qui fait classe à part et il est alors urgent de réduire leur pouvoir d’attraction et leur consommation.

    Une taxe ciblée pourrait contribuer à cet objectif en envoyant un fort signal à l’effet que ces boissons doivent être réservées à une consommation d’exception. De plus, les revenus rapportés pourraient permettre d’investir en prévention en améliorant notamment l’accès aux aliments sains.

    Pour en savoir davantage sur cette mesure prometteuse déjà adoptée par la France et la Hongrie, je vous invite à consulter notamment les ouvrages suivants :

    - Les dessous du marketing des boissons sucrées Tome 2 : Le prix, un argument payant (http://www.cqpp.qc.ca/fr/dossiers/boissons-sucrees/marketing)

    - Miser sur la prévention en créant de la richesse : un geste significatif pour une société plus en santé (http://www.cqpp.qc.ca/documents/file/2012/Memoire_Consultations-prebudgetaires_2012-2013.pdf)

    Bien à vous,

    Anne-Marie Morel, Dt.P., M.Sc.
    Chargée de dossiers, alimentation et marketing
    Coalition québécoise sur la problématique du poids

    ammmorel@cqpp.qc.ca

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  2. Bonjour,
    je n'ai pas trouvé de page de contact alors je me permets de poster ici.
    Je recherche des collaborations pour des blogs scientifiques. J’ai lancé un appel sur mon blog :
    http://sweetrandomscience.blogspot.fr/2012/07/appel-contributions.html
    mais je n’ai eu qu’une réponse. Je me demandais si vous pourriez être intéressé.
    Bravo pour votre blog en tous cas !
    Bon après midi:)

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