On entend de plus en plus parler du
pourcentage de masse grasse en plus du poids corporel lorsque les gens tentent
de perdre du poids, car il est maintenant possible et abordable de le
mesurer. En effet, il est possible
d’avoir une mesure du pourcentage de masse grasse en moins de 5 minutes dans certaines
salles d’entraînement, dans le bureau de certains médecins ou même d'acheter son propore appareil pour une modique somme de 30-40$.
Avant de parler de
fiabilité, il faut s’interroger sur ce qu’est vraiment la bioimpédance? C’est un terme utilisé pour décrire l’opposition d’un conducteur au passage d’un
courant électrique qui peut se mesurer pour n’importe quel matériau et, dans ce
cas, dans le corps humain. La bioimpédance dépend énormément du niveau
d’hydratation puisque l’eau est un excellent conducteur d’électricité. Le fonctionnement de base de l'appareil est très simple. Un aible signal (normalement 50 KHz) est envoyé
d’une extrémité à l’autre selon l’appareil (ex. : main à main) et le
signal est reçu par l’autre extrémité. La résistance au signal est mesurée par
l’appareil ce qui permet l’estimation de la masse maigre ainsi que de la masse
grasse avec l’ajout d’information comme le poids, la taille, l’âge, le
sexe, etc. Il est donc possible par la bioimpédance d’estimer la masse maigre
et de déduire par la suite la masse grasse par le simple fait que la conduction est
plus rapide dans la masse maigre que dans la masse grasse. En d’autres mots, plus de résistance = plus
de masse grasse. Malgré l'illusion magique de cet appareil, il est important de noter que la bioimpédance tient pour
acquis plusieurs constantes qui peuvent être critiquées. La bioimpédance présume que la masse maigre
contient 73% d’eau, que le volume de la masse maigre et de la masse grasse est constant
chez tous, et que les segments (bras et jambes) respectent des proportions
constantes d’un individu à l’autre.
Maintenant que l’on connaît le
fonctionnement de base de cet appareil, est-ce que ses résultats sont fiables? La réponse est : «oui et non»! Les études montrent que si les précautions (voir
la liste qui suit ce paragraphe) pour contrôler le niveau d’hydratation sont respectées, les
résultats varient de +/- 4% lorsque comparés à une mesure de référence (Heyward 2001).
· · ne pas manger ou boire 4 heures précédant le
test
·
aucun exercice intense 12 heures précédant le
test
·
uriner 30 minutes précédant le test
·
aucun alcool 48 heures précédant le test
·
ne pas utiliser des diurétiques durant les 7
jours précédant le test
·
prendre la mesure après 10 minutes debout
·
mesurer à la même période de la journée
Il existe 3 différentes
catégories d’appareils : 1- pieds à pied; 2- pieds à main; 3-main à main
et chacun de ces différents appareils comportent son lot de limitations même si
les précautions sont prises. Par
exemple, si une personne présente une obésité abdominale et que cette dernière
utilise une bioimpédance de type pieds à pied, son niveau d’obésité sera
sous-estimé. Il est donc préférable
d’utiliser le «pied à main » pour limiter un biais relié à l'équipement (Dittmar 2008).
Malgré tout, certaines études ont
montré que la bioimpédance est efficace lorsque toutes précautions sont
respectées. La bioimpédance pourrait différencier
le pourcentage de masse grasse entre les gens obèses et ceux de poids sain ou différencier
entre les athlètes et les gens sédentaires (Volgyi et al.2008). De plus, cet appareil pourrait percevoir des
changements de masse grasse comparables à ceux observés avec une mesure étalon
(Jebbs et
al. 2007).
Maintenant que la fiabilité de cet
appareil à été discutée, il faut maintenant s’attarder à savoir, si cet
appareil ajoute réellement de l’information non accessible avec les mesures
anthropométriques? Encore une fois la
réponse est : «oui et non»! Oui
dans le sens que l’indice de masse corporelle, le poids, le tour de taille ou le
tour des hanches ne mesurent pas le pourcentage de masse grasse. Non dans le sens que le tour de taille et le
tour des hanches peuvent changer dans l’absence de perte de poids, tous ces
indicateurs sont tout de même associés au niveau de masse grasse. En effet, malgré la croyance populaire, l’IMC est un bon indicateur du niveau de
masse grasse pour une grande partie de la population (Gallagher et
al.,2000).
Pour conclure, il est évident que ce type
d’appareil est devenu populaire principalement par les échecs répétitifs liés à
une perte de poids et peut servir d’outil de motivation. Cependant, pour le commun des mortels un tel
appareil peut malheureusement avoir des sources de biais importantes qui
peuvent expliquer tous les changements perçus.
On entend souvent « je n’ai pas perdu de poids, mais mon % de masse
grasse à diminué». C’est peut-être vrai,
mais il faut s’assurer que toutes les précautions ont été prises aux 2
occasions comparées.