Saviez-vous que 90% des
médecins généralistes pensent que c’est leur responsabilité de faire perdre du
poids à leurs patients alors que 72% d’entre eux affirment n’avoir jamais eu de
formation pour intervenir auprès d’une population obèse? Encore plus alarmant,
c’est que seulement 39% des gens avec un IMC supérieur à 30 kg/m2
ont été considéré obèse par leur médecin de famille REF!
Au premier
coup d’œil, ces faits sont relativement surprenants. Néanmoins, lorsqu'on regarde avec un peu de recul, la situation devient beaucoup
moins surprenante. Autrefois, ce problème était plutôt rare alors que maintenant
c’est 1 patient sur 4 qui est considéré obèse. En 2009, le collège des médecins
a réagi en développant une certification spécialisée chez les médecins pour
contrer l’obésité LIEN.
Malgré les
manques dans la formation des médecins généralistes pour contrôler le poids de
leurs patients, il n’en demeure pas moins que plusieurs personnes vont
s’engager dans un changement des habitudes de vie après une recommandation du
médecin. Les Britanniques ont mis sur pied un système de récompenses afin
de contrer l’obésité qui consiste à offrir un bonus annuel aux médecins qui ont
des patients qui perdent du poids durant l'année!
Cette
méthode peut être réellement intéressante pour certains médecins. Dans un
premier temps, tout être humain, indépendamment de sa profession, est attiré
par un bonus financier. Ceci peut donc, devenir un incitatif pour un
médecin d'assurer un suivi plus étroit du poids corporel des patients. À notre
avis, ce qui est vraiment intéressant dans ce système de récompenses, c’est que
pour s’assurer d’une telle réussite, les médecins devront créer des
partenariats avec d’autres professionnels comme un spécialiste de l’activité
physique (kinésiologue) ou une nutritionniste. Cette collaboration est
extrêmement importante, car des résultats préliminaires démontrent que
seulement 2,9% des médecins se sentent compétents pour promouvoir la pratique
d’activité physique. Bonne nouvelle pour les kinésiologues québécois puisque 65
% des omnipraticiens pensent qu’on devrait dans un premier temps accroître les
partenariats avec les kinésiologues. Contrairement aux nutritionnistes qui ont
une place de plus en plus respectée dans le système de santé, les kinésiologues
sont très peu exploités. Quand on veut une coupe de cheveux on va chez la
coiffeuse, lorsqu’on à un problème avec le robinet on appel un plombier, alors
pourquoi appeler son médecin lorsqu’on veut se mettre en forme et contrôler son
poids corporel ?
À l’opposé,
certains individus (incluant certains médecins) croient que les personnes obèses
sont simplement des gens paresseux, sans volonté et sans intérêt. Ainsi,
l’efficacité et le succès d’une telle stratégie peuvent être remis en doute si
la perception de ces médecins n’est pas changée. Dans le même sens, une telle
stratégie pourrait pousser les médecins à traiter les gens avec un surplus de
poids et délaisser les gens minces qui sont à risque de problèmes
d'ostéoporose, de dénutrition, de sarcopénie, etc. Finalement, les médecins
pourraient aussi mettre trop d’accent sur le poids indiqué sur la balance au
dépend du traitement des comorbidités et des autres problèmes associées à l'obésité. Par exemple,
plusieurs médicaments pour traiter la dépression provoquent une prise de
poids. Est-ce qu’un médecin pourrait ne pas traiter la dépression pour
s'assurer d'un bonus ?
En guise de
conclusion, la solution proposée par les Britanniques peut être intéressante,
car, avec le quart de la population qui est maintenant obèse il faut tenter des
stratégies innovatrices au risque de se tromper! Une telle stratégie peut
s’avérer intéressante si les médecins sont de plus en plus formés pour traiter
l’obésité ou si ça augmente la collaboration avec d’autres
professionnels. Cependant, il faudra s’assurer qu’il n’en découle pas des
effets pervers de la compétition. Néanmoins, il est un peu plus difficile de
comprendre pourquoi on devrait payer les médecins dont les patients perdent du
poids considérant qu’il y aura énormément d’acteurs connexes qui seront tout
aussi responsables de cette perte de poids. C’est un peu comme donner un
pourboire à une serveuse, mais non au cuisinier !
Bien que je sois en faveur d'une plus grande valorisation des intervenants en promotion de la santé, tels les nutritionnistes, les kinésiologues (et également les psychologues) comme vous le soulignez, je ne crois pas que l'idée du bonus soit une avenue intéressante. On continuerait ainsi à encourager un "quick fix" et à mettre la toute la faute et la pression sur l'individu, alors que la problématique de l'obésité est beaucoup plus complexe et multifactorielle.
RépondreSupprimerIntéressant sujet de discussion, merci!