vendredi 24 juin 2011

Patient qui perd du poids = bonus pour le médecin !

Saviez-vous que 90% des médecins généralistes pensent que c’est leur responsabilité de faire perdre du poids à leurs patients alors que 72% d’entre eux affirment n’avoir jamais eu de formation pour intervenir auprès d’une population obèse? Encore plus alarmant, c’est que seulement 39% des gens avec un IMC supérieur à 30 kg/m2 ont été considéré obèse par leur médecin de famille REF!


Au premier coup d’œil, ces faits sont relativement surprenants.  Néanmoins, lorsqu'on regarde avec un peu de recul, la situation devient beaucoup moins surprenante. Autrefois, ce problème était plutôt rare alors que maintenant c’est 1 patient sur 4 qui est considéré obèse. En 2009, le collège des médecins a réagi en développant une certification spécialisée chez les médecins pour contrer l’obésité LIEN.


Malgré les manques dans la formation des médecins généralistes pour contrôler le poids de leurs patients, il n’en demeure pas moins que plusieurs personnes vont s’engager dans un changement des habitudes de vie après une recommandation du médecin.  Les Britanniques ont mis sur pied un système de récompenses afin de contrer l’obésité qui consiste à offrir un bonus annuel aux médecins qui ont des patients qui perdent du poids durant l'année! 


Cette méthode peut être réellement intéressante pour certains médecins. Dans un premier temps, tout être humain, indépendamment de sa profession, est attiré par un bonus financier. Ceci peut donc,  devenir un incitatif pour un médecin d'assurer un suivi plus étroit du poids corporel des patients. À notre avis, ce qui est vraiment intéressant dans ce système de récompenses, c’est que pour s’assurer d’une telle réussite, les médecins devront créer des partenariats avec d’autres professionnels comme un spécialiste de l’activité physique (kinésiologue) ou une nutritionniste. Cette collaboration est extrêmement importante, car des résultats préliminaires démontrent que seulement 2,9% des médecins se sentent compétents pour promouvoir la pratique d’activité physique. Bonne nouvelle pour les kinésiologues québécois puisque 65 % des omnipraticiens pensent qu’on devrait dans un premier temps accroître les partenariats avec les kinésiologues. Contrairement aux nutritionnistes qui ont une place de plus en plus respectée dans le système de santé, les kinésiologues sont très peu exploités.  Quand on veut une coupe de cheveux on va chez la coiffeuse, lorsqu’on à un problème avec le robinet on appel un plombier, alors pourquoi appeler son médecin lorsqu’on veut se mettre en forme et contrôler son poids corporel ? 


À l’opposé, certains individus (incluant certains médecins) croient que les personnes obèses sont simplement des gens paresseux, sans volonté et sans intérêt. Ainsi, l’efficacité et le succès d’une telle stratégie peuvent être remis en doute si la perception de ces médecins n’est pas changée. Dans le même sens, une telle stratégie pourrait pousser les médecins à traiter les gens avec un surplus de poids et délaisser les gens minces qui sont à risque de problèmes d'ostéoporose, de dénutrition, de sarcopénie, etc.  Finalement, les médecins pourraient aussi mettre trop d’accent sur le poids indiqué sur la balance au dépend du traitement des comorbidités et des autres problèmes associées à l'obésité. Par exemple, plusieurs médicaments pour traiter la dépression provoquent une prise de poids.  Est-ce qu’un médecin pourrait ne pas traiter la dépression pour s'assurer d'un bonus ? 


En guise de conclusion, la solution proposée par les Britanniques peut être intéressante, car, avec le quart de la population qui est maintenant obèse il faut tenter des stratégies innovatrices au risque de se tromper!  Une telle stratégie peut s’avérer intéressante si les médecins sont de plus en plus formés pour traiter l’obésité ou si ça augmente la collaboration avec d’autres professionnels.  Cependant, il faudra s’assurer qu’il n’en découle pas des effets pervers de la compétition. Néanmoins, il est un peu plus difficile de comprendre pourquoi on devrait payer les médecins dont les patients perdent du poids considérant qu’il y aura énormément d’acteurs connexes qui seront tout aussi responsables de cette perte de poids. C’est un peu comme donner un pourboire à une serveuse, mais non au cuisinier !


1 commentaire:

  1. Bien que je sois en faveur d'une plus grande valorisation des intervenants en promotion de la santé, tels les nutritionnistes, les kinésiologues (et également les psychologues) comme vous le soulignez, je ne crois pas que l'idée du bonus soit une avenue intéressante. On continuerait ainsi à encourager un "quick fix" et à mettre la toute la faute et la pression sur l'individu, alors que la problématique de l'obésité est beaucoup plus complexe et multifactorielle.
    Intéressant sujet de discussion, merci!

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