jeudi 19 août 2010

Gain de poids pendant la grossesse, mais combien?

Lorsqu’il s’agit de discuter de la prise de poids lors de la grossesse, le sujet est très délicat ! En effet, qui n’a jamais entendue une femme enceinte dire « je dois manger pour deux maintenant » ou « j’en profite parce que c’est le seul moment où je peux prendre du poids sans me sentir coupable ». Ce type de commentaires est la preuve irréfutable que la société a évolué sur de nombreux aspects alors que d’autres sont encore où ils étaient il y a 40 ans, et ce, malgré l’avancement des connaissances sur le sujet.

Il n’est pas rare d’entendre des femmes âgées affirmer qu’une prise de poids de l’ordre de 40-50 lb au cours de la grossesse est idéale. Autrefois, ce gain pondéral n’avait pas les mêmes répercussions qu’aujourd’hui principalement, car les femmes avaient, en moyenne un poids inférieur en début de grossesse. En effet, l’IMC moyen d’une femme âgée de 20-39 ans est passé de 22.5 kg/m2 à 25.9 kg/m2 entre 1981 et 2007 ce qui représente une différence de 10 kg (ou 22 lb) pour une femme de 5 pieds 7 pouces Statistiques Canada. Puisque le gain de poids optimal durant la grossesse est essentiellement basé sur le poids initial de la femme, il faut donc considérer ce changement de poids chez les femmes canadiennes pour déterminer l’objectif de gain de poids durant la grossesse. Mais qu’en est-il réellement? Combien de poids une femme enceinte doit-elle réellement prendre pour s’assurer d’une santé optimale pour elle et  son enfant?

Les conséquences d’un gain de poids excessif durant la grossesse sont nombreuses, sérieuses et très couteuses pour l’état. Grâce à une étude effectuée sur un peu plus d’un million de naissance publiée récemment dans un journal prestigieux, on cerne mieux le lien entre le poids excessif pris par la mère au cours de la grossesse, le poids à la naissance du bébé ainsi que les conséquences qui en résultent Lancet Journal. Les auteurs concluent que chaque kilo pris par la mère augmente le poids du bébé de 7,35 g. Rappelons que le poids dit ‘ normal ’ pour le bébé se situe entre 5,5 et 8,75 lb lors d’une grossesse (38-42 semaines). Le niveau d’obésité et l’âge de la mère lors de la grossesse ainsi que la prise de poids durant cette période prédisent les risques de diabète de grossesse (diabète gestationnel),  l’IMC futur de l’enfant ainsi que le risque de diabète de type 2 éventuel pour la mère et l’enfant.  En effet, 30 et 66% des femmes ayant développé un diabète gestationnel (souvent associé positivement à l’IMC) vont présenter un diabète de type 2 au cours des 10 années qui suivent la naissance de l’enfant Diabetes Care Journal. Le diabète gestationnel procure au fœtus un environnement extrêmement riche en glucose ce qui interfère avec la sécrétion d’insuline au niveau du pancréas et augmente le poids à la naissance,  l’IMC au cours de l’enfance et de l’adolescence ainsi que le risque de diabète de type 2 Nature Journal.

Mais qu’est-ce qu’une prise de poids excessive ? Voici les taux de gain de poids et gain de poids total recommandé durant les grossesses (1 seul bébé) en fonction de l'IMC (poids en kg /taille en m2) avant la grossesse (l'Institute of Medicine (IOM), 2009 IOM. Calculer votre IMC ici.
 
Un autre point que nous voulons soulever, c’est le gain de poids associé aux différents éléments ‘structuraux’ liés à la grossesse.  On entend souvent, « je fais de la rétention d’eau, donc c’est pour cela que j’ai pris autant de poids durant ma grossesse» ou « mes seins doivent peser au moins 10 lb en ce moment ».  Selon la référence suivante, la rétention d’eau compterait en moyenne 3.7 lb du poids total à 38 semaines de grossesse et les seins 1.9 lb.  Voici la distribution des gains pondéraux moyens à 38 semaines de grossesse pour chaque élément lié spécifiquement à la grossesse (Thomson et al.,1995). 



En guise de conclusion, le poids qu’une femme enceinte devrait prendre durant sa ou ses grossesses est principalement basé sur son poids initial de celle-ci et non sur celui de sa mère, sa grand-mère ou sa cousine ! De plus, comme le démontrent les tableaux ci-haut, ce gain de poids doit majoritairement apparaitre durant le 2e et 3e trimestre le fœtus et le tissu adipeux étant les composantes principales qui provoque le gain de poids (moy :14,9 lb).  Le gain de poids excessif risque d’affecter autant la santé future de la mère et de l’enfant.  

vendredi 6 août 2010

Des études aux cycles supérieurs ?

Plusieurs étudiants du baccalauréat nous abordent et nous questionnent sur le choix de poursuivre ou non des études aux cycles supérieurs. En effet, avant d’entreprendre une maîtrise on n’a normalement aucune idée de ce qui nous attend. Le milieu de la recherche est très dynamique et très motivant pour certains, car il regroupe des gens qui sont compétitifs, performants et passionnés. Pour la plupart, le temps passé à travailler ne se compte pas en heures, mais plutôt en dizaine d’heures. Pour d’autres, le milieu de la recherche peut être ennuyant, monotone et trop exigeant à cause de la charge de travail, le nombre d’heures de lecture et d’écriture ou le temps passé en solo à l’ordinateur.

La maîtrise est une initiation à la recherche alors que le doctorat est une formation afin de devenir un chercheur autonome, un esprit critique et un spécialiste d’une thématique très spécifique. Au cours de cette formation, la pression est constante pour performer, mais si vous avez une soif de connaissances, êtes curieux, aimez la rédaction et la lecture et êtes fatigué d’entendre les gens dire des propos sans fondement, les études supérieures sont pour vous!

Contrairement, à ce que plusieurs croient, il est rarement possible d’étudier le sujet qui vous passionne au niveau de la maîtrise car 1- certains projets sont déjà en cours et les besoins en personnel sont considérables, 2- le court séjour passé dans ce laboratoire de recherche permet seulement d’effleurer l’ensemble des étapes d’un projet de recherche (développer l’idée, parcourir la littérature, comité d’éthique, collecte de données, analyses et rédaction). Le doctorat, contrairement à la maîtrise est d’une durée importante (3-5 ans) et l’étudiant est beaucoup plus actif dans le processus de la recherche. Il est donc possible de participer grandement dans la conception du projet de recherche et la justification des méthodes, etc. L’expérience est très enrichissante, remplie de défis et nous oblige souvent à surpasser nos limites. L’obtention du fameux Ph.D. donne une carte d’accès pour avoir des emplois réservés à ce titre. Est-ce que cela veut dire que vous êtes un bon chercheur ou bon dans ce domaine, probablement pas. Vous devrez également faire vos preuves sur le marché du travail.

Une question qui revient souvent c’est : «Est-ce que le fait d’avoir une maîtrise ou un doctorat ouvre des possibilités pour un meilleur emploi ?». Voici ce que Statistiques Canada rapporte en termes de perspective d’avenir, salaire moyen, type d’emploi, etc. après avoir complété un doctorat au Canada LIEN

Une autre question qui revient beaucoup et qui est un sujet tabou c’est le financement des études au cycles supérieurs. Souvent, pour démontrer sa passion et son intérêt pour la recherche, le financement est un sujet tabou entre les étudiants. Les gens en général pensent que les étudiants au cycle supérieur sont tous boursiers ou payés. Cependant, dans les faits, c’est très loin de la réalité ! Le principal moyen d’avoir des sous c’est l’obtention d’une bourse, cependant la compétition est féroce. Les meilleures bourses au niveau de la maîtrise sont d’une valeur d’environ 15000-18000$ par année pour 2 ans et les excellentes bourses au doctorat sont d’une valeur d’environ 20000-30000$ par année pour 3 ans. Ces montants sont convenables pour un étudiant, cependant il faut réussir à obtenir ces fonds! D’après notre expérience, ces bourses sont difficiles à obtenir et le contexte économique actuel a aussi un impact considérable sur le nombre de bourses attribuées. De plus, ces bourses sont un montant fixe par année et d’une durée très limitée. Par conséquent, les étudiants doivent normalement travailler dans les laboratoires, comme assistants de recherche ou comme chargé de cours. Toutes ces tâches associées à la volonté de cumuler du succès en recherche font en sortes que les étudiants au doctorat travaillent pratiquement tous les jours et le nombre d’heures tourne souvent entre 50 et 70 heures par semaine.

Voici une liste des avantages et inconvénients des études aux cycles supérieurs. Des avantages pour l’un peuvent très bien être désavantages pour d’autres.

Avantages :
• Accès à des postes limités aux détenteurs des titres M.Sc. ou Ph.D.
• Expérience du dépassement de soi
• Voyages à l’étranger pour présenter les résultats
• Flexibilité dans l’emploi du temps
• Connaissance de nouveau milieu si on change d’université entre les différents cycles
• Permets d’améliorer sa langue seconde
• Apprendre à être organisé et discipliné

Inconvénients :
• Mettre sur la glace plusieurs projets personnels : mariage, enfants
• Salaire instable et inférieur à celui que vous obtiendriez avec un travail ayant un poste avec votre baccalauréat
• Manque dans l’organisation du temps et manque d’encadrement pour organiser ses journées
• Peut nécessiter un éloignement de la famille
• Débuter à contribuer dans un régime de pension plus âgé
• Risque de décrocher un emploi après ses études qui nécessite un baccalauréat malgré ses qualifications

Bref, on se retrouve normalement à 28- 32 ans avec des dettes d’études, pas de maison, pas de famille, mais un Ph.D. À vous de voir si le feu en vaut la chandelle! Dans notre cas nous ferions le même choix avec quelques différences comme changer de laboratoires entre CHACUN des niveaux d’études ou migrer vers des universités anglophones très tôt dans notre formation afin d’améliorer notre langue seconde, qui sans rien enlever au français, est la langue de la science.