Nous avons déjà fait un post sur le syndrome métabolique (SMet) et l’hétérogénéité de cette
condition. Vous pouvez y référer ICI. En
résumé, le SMet se définit comme une combinaison de 3 facteurs de risque et
plus, parmi les suivants : tour de taille élevé, glycémie élevée, haut niveau de triglycérides,
tension artérielle élevée et enfin, faible taux de cholestérol-HDL.
Plusieurs études ont démontré que les individus ayant
un SMet sont plus à risque de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2
et d’autres conditions non-métaboliques. Néanmoins, ce risque diffère
considérablement selon le nombre de facteurs présents (3, 4 ou 5) ainsi que le seuil
utilisé pour déterminer la présence de chacun de ces facteurs. Les différentes
combinaisons possibles de facteurs influencent aussi le risque (REF). Concrètement,
cela veut dire que deux patients avec le SMet peuvent avoir un risque réel de
présenter une maladie TRÈS différent.
La définition du SMet implique cinq éléments, dont
trois utilisent un seuil inférieur à celui de la condition individuelle
(tension artérielle, triglycérides, glycémie à jeun). Par exemple, le seuil établi
pour être diagnostiqué hypertendu est de 140/90mmHg, tandis que le seuil
utilisé pour considérer la tension artérielle comme un critère du SMet est de 130/85
mmHg. Ceci démontre qu’avec une combinaison de trois facteurs ou plus, le seuil considéré à risque est à la baisse. Dès
lors, on peut s’avancer et dire que certaines personnes ont un SMet avec un
profil métabolique relativement altéré (notre appellation : SMet modéré) alors
que d’autres peuvent avoir un SMet avec un profil métabolique très détérioré (notre
appellation : SMet sévère).
Dans un article récemment soumis pour publication, notre groupe de recherche s’est intéressé au sujet. Nous avons étudié s’il existait des différences entre ces deux groupes d’individus en utilisant une banque de données américaine qui incluait 3000 participants âgés entre 18 et 85 ans avec un SMet modéré ou un SMet sévère.
Lorsque ces deux groupes d’individus sont comparés, plusieurs
différences sont observées. Par exemple, le nombre de minutes d’activité
physique par semaine auto-rapporté était respectivement de 71,3 minutes dans le
groupe SMet modéré et de 45,1 minutes
dans le groupe SMet sévère. La
proportion d’individus qui rapportait faire de l’activité physique vigoureuse était
de 20% vs. 10% et la proportion d’individus qui rapportait faire de la
musculation était de 43% vs. 29% respectivement.
De plus, la santé cardio-vasculaire et la capacité
physique des individus dans le groupe SMet sévère
étaient nettement inférieures au groupe SMet modéré. Par exemple, chez les individus âgés de 50 ans et moins, le
groupe SMet modéré avait un Vo2
max de 39 ml/kg/min vs. 32 ml/kg/min pour le groupe SMet sévère. Dans le même ordre d’idées, les individus du groupe SMet modéré présentaient une vitesse de
marche supérieure aux individus du groupe SMet sévère.
Cette étude démontre qu’il existe des différences
importantes en ce qui concerne le
niveau, l’intensité et le type d’activité physique entre les gens du
groupe SMet modéré et les gens du
groupe sévère. De plus, leur santé
cardio-vasculaire et leur capacité physique sont aussi différentes; on remarque
un avantage notable pour le groupe SMet modéré.
Ainsi, nous nous permettons d’avancer l’hypothèse que les individus avec un SMet
sévère pourraient bénéficier
davantage d’une intervention visant l’augmentation de leur niveau d’activité
physique et conséquemment diminuer le niveau de leurs facteurs de risque. Une
étude clinique nous permettrait de répondre à la question.
En conclusion, il est important de ne pas considérer
et traiter tous les patients avec un SMet de la même façon, car ils présentent
différentes caractéristiques. Il risque de s’écouler plusieurs années avant
l’apparition d’un système de classification (SMet modéré vs. SMet sévère)
et différents traitements tenant compte du type de SMet. Par
contre, d’ici ce temps, il est important d’être conscient de cette différence.
MERCI À CATHERINE LESTAGE POUR LA CORRECTION DU TEXTE
Intéressant mais ouf, comment appliquer ça ? La définition du Syndrome métabolique est peut-être plus clair depuis quelques années mais le traitement ce n'est vraiment pas évident au niveau des médicaments.
RépondreSupprimerBonne initiative de différencier les différents patients !
Dr. Boulet