En 2009, un groupe de chercheurs, basé à Edmonton, a
développé un système de classification intitulé l’Edmonton Obesity Staging
Score (EOSS). Cette classification amène
les cliniciens à se poser la question suivante : « Est-ce qu’une perte de poids
serait réellement bénéfique pour mon client ? ». L’objectif principal de cette classification
est de faire de meilleures recommandations quant à la perte de poids, chez les
patients obèses. Cette classification comprend 5 stades et s’adresse aux
individus ayant un IMC ≥ 30. Voici brièvement l’EOSS.
STADES
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Brève description
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Recommandations
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0
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Aucun problème de santé métabolique, psychologique ou fonctionnel.
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Amélioration
des habitudes de vie
Maintien du poids
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1
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Problème de santé métabolique près des limites de la condition ex. :
résistance à l’insuline, tension artérielle >130/85, douleur ou fatigue
occasionnelle, articulations fragiles, etc.
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Amélioration
des habitudes de vie
Maintien du poids
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2
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Diagnostic de problème métabolique ex. : hypertension, diabète de
type 2, dépression, atteintes dans les activités de la vie quotidienne, maux
de dos, goutte, etc.
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Amélioration
des habitudes de vie
Perte de poids
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3
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Organes atteints sérieusement ex. : infarctus du myocarde, prise
d’insuline, apnée du sommeil, ostéoarthrite majeure, etc.
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Amélioration
des habitudes de vie
Perte de poids
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4
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Risque de mort lié aux complications associées à l’obésité.
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Amélioration
des habitudes de vie
Perte de poids
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REF :
Sharma & Kushner 2009
Dans un premier temps, l’EOSS
suggère que la perte de poids n’est pas nécessaire pour tous les obèses. En
effet, les gens classés aux stades 0 et 1 et n’ayant aucun problème de santé
associé à l’obésité ne devraient pas recevoir de recommandation visant la perte
de poids. Les recommandations émises devraient plutôt viser l’amélioration de
leurs habitudes de vie afin de prévenir un gain de poids supplémentaire. C’est
lorsque les problèmes métaboliques font leur apparition (stades 2-4) que la
perte de poids devient une priorité pour les personnes obèses.
Considérant que d’autres indicateurs
cliniques tels que l’indice de masse corporelle (IMC) et la circonférence de
taille ont fait leur preuve en terme de prédiction de la mortalité, en quoi l’EOSS
améliore-t-il nos connaissances? Deux études évaluant l’utilité de l’EOSS ont récemment
été publiées. L’une de ces études compare les différentes catégories d’IMC aux différents
stades de l’EOSS ainsi que leur capacité respective à identifier les individus
à risque de mortalité, toutes causes confondues (REF). Les
résultats de cette étude sont clairs. La capacité de l’EOSS à prédire le risque
de mortalité est extrêmement évidente tandis que la capacité de l’IMC (utilisé seul)
à prédire la mortalité est douteuse. Bref, ce que l’article nous apprend c’est que lorsque nous
utilisons les différentes catégories de l’EOSS, nous prédisons mieux le risque
de mortalité, chez les individus obèses, que lorsque nous utilisons leur IMC.
La semaine dernière, une deuxième étude
fut publiée. Elle investiguait 28 000 personnes, dont 6 000 obèses, sur une
période de 16 années. L’objectif de cette étude était de vérifier si l’EOSS permettait
de prédire le risque de mortalité du cancer ou d’une maladie coronarienne, soit
les 2 maladies les plus meurtrières au Canada. Voici les principaux
résultats:
Les gens obèses stades 0 et 1
o ont le même risque de mortalité (toutes causes
confondues) que les gens de poids sains.
o ont un risque de mortalité d’une maladie
coronarienne moindre que les gens de
poids sains.
o ont un risque de mortalité du cancer plus élevé que les gens de poids sains.
La classification ne permet pas de prédire le
risque de mortalité de d’autres diagnostics.
En se basant sur les résultats de
ces études, nous pouvons conclure que l’EOSS est un meilleur prédicteur du
risque de mortalité que l’IMC. De plus, les individus obèses sans problème de
santé normalement liés à l’obésité, sont plus à risque de mourir d’un cancer et
moins à risque de mourir de maladies coronariennes qu’une personne ayant un
poids sain.
Finalement, même si certains
obèses sont moins à risque de mortalité que les gens de poids sains, il n’en
reste pas moins que d’adopter de saines habitudes de vie demeure l’intervention
de choix pour tous. Ce que l’EOSS ajoute réellement à vos connaissances c’est
que pour certains obèses (stades 2-4), le changement des habitudes de vie doit
être plus sévère afin de s’assurer d’une perte de poids et ainsi diminuer les
complications associées à l’obésité et augmenter l’espérance de vie.
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