jeudi 3 mars 2011

Quel est le rôle des images sur la perception des gens obèses ?

Est-ce qu’il faut accepter ou blâmer les obèses? Dans le cas du tabagisme la société a décidé de mettre le blâme sur l’individu entre autres en ayant les publicités-chocs sur les paquets de cigarettes depuis 2001. L'objectif de ces images est de décourager les fumeurs (surtout les jeunes) et d'informer sur les dangers associés au tabagisme. Malgré tout, selon le porte-parole du groupe BAT (British American Tobacco), aucune étude n’a démontré, à ce jour, l’efficacité d’une telle initiative dans la lutte antitabac. Sommes-nous rendus là avec la problématique de l’obésité? Croyez-vous qu’il est approprié de mettre des images-chocs sur les emballages de tablettes de chocolat ou  dans les médias afin de combattre le fléau?


Les personnes obèses souffrent énormément de stigmatisation et de discrimination. En effet, les résultats d’une étude démontrent qu’au cours des dernières années la discrimination à l’égard des personnes obèses aurait augmentée de 66% (Andreyeva et al. 2008) atteignant ainsi le taux de discrimination associé au racisme (Puhl  et al. 2008). Cette stigmatisation est sans doute le résultat de notre société ultra compétitive, performante prônant la perfection (minceur à tout prix particulièrement chez les filles). Ainsi, lorsque de telles caractéristiques sont perçues comme un idéal à atteindre, il faut s'attendre à observer de la discrimination, de la stigmatisation et des injustices face aux gens qui ne cadrent pas dans la norme sociale.
Sans nécessairement le vouloir et sans surprise, les médias peuvent contribuer à cette discrimination en propageant des images stéréotypes de l’obésité. Les images en provenance des journaux, de l’internet ou de la télévision qui affichent des gens obèses dans différentes situations de la vie courante peuvent, à elles seules, avoir un rôle sur la perception que nous avons d’une personne.
Par exemple, lorsque les médias abordent la question de l’obésité, ils présentent la majorité du temps, des individus avec un grade III d’obésité (obésité morbide). Selon nous, ce genre d’images-chocs contribu à renforcer un message réel, mais exagéré, car la plupart des gens ayant un surplus de poids ne sont pas obèses morbides (2,7% au Canada). Néanmoins, ces images pourraient contribuer négativement à l’attitude des gens envers les personnes obèses. C’est du moins ce qu’une récente étude conduite par McClure et al. (2010) démontre. En effet, cette étude rapporte que les gens ont une attitude négative ou une vision péjorative à l’égard des individus obèses lorsqu’ils voient une image stéréotype d’un obèse. Chacun des 188 participants (aléatoirement divisé en 4 groupes) devait lire un article neutre sur la hausse du nombre de gens obèse au pays qui était accompagnée d’une des 4 images de personne obèse : 1-obèse qui mange de la malbouffe, 2-obèse qui fait de l’exercice, 3- obèse habillé pour une soirée et 4- obèse de dos qui expose la proportion importante du poids corporel. On a ensuite évalué la perception des individus obèses grâce à 14 adjectifs qui identifient le mieux leurs perceptions des gens obèses (lâche, manque de contrôle, pauvre estime de soi, etc.). Les chercheurs ont conclu que l’opinion des gens à l’égard des personnes obèses variait suite au type d’image qui accompagnait l’article.
Un autre exemple de discrimination suite à l'exposition d'images de gens obèses est la perception que nous avons des obèses face à leurs compétences dans le milieu de travail. Jean-François Amadieu, sociologue français spécialiste des relations sociales au travail, a fait l’expérience. Pour deux offres d’emploi en commerce, deux CV de candidats, ayant le même niveau de compétences, ont été envoyés. Le premier CV présentait la photo d’un candidat au physique standard tandis que, sur le second, la photo (transformée par l’informatique) était celle d’une personne avec une forte surcharge pondérale. Les chercheurs ont constaté que les candidats obèses avaient trois fois moins de chances de décrocher une entrevue LIEN.
En conclusion, les images stéréotypes de l’obésité influencent la perception des gens face aux individus obèses. Cela étant dit, il faut se questionner en tant que société à savoir si l’on veut mettre le blâme sur l’individu ou sur la société. Si notre réponse est l’individu, nous devrions peut-être augmenter le nombre d'images négatives des obèses sur la malbouffe, à la TV, dans les médias, etc. Si notre réponse est la société, il faudrait bannir les images qui nuisent à la perception négative des obèses et s’attaquer aux causes sociales de l'obésité.


4 commentaires:

  1. Moi je pense qu'il faut metre les choses claires. Lorsque tous les gens avec surpoids mangeront leurs 5-10 portions de F/L et atteigneront au moins 150 minutes d'exercice par semaine on placera le blâme sur la société. D'ici là, il faut mettre en place des stratégies pour favoriser des bonnes habitudes de vie en gardant en tête que c'est un choix personnel de manger bien et bouger MALGRÉ les barrières et l'environnement obésogénique.

    MD qui a de la difficulté à toujours avoir de la compassion

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  2. Écoute, je mange largement 5 à 10 portions de fruits et par jour, tout est bio, je cuisine tout moi-même, je ne mange pas de sucre, je fais 60 minutes de sport, chaque jour, et je suis obèse depuis toujours. Comme tu as l'air très au courant, que me conseilles-tu ?

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  3. Toujours dans la meine veine, l'important pour arriver à un équilibre énergétique ce n'est pas seulement la qualité de la nourriture mais plutôt la quantité totale d'énergie ingérée vs. la dépense énergétique. Même si on mange bio et full grano si la somme d'énergie ingérée dépasse la dépense énergétique, il y aura un surplus d'énergie emmagasiné. En théorie un homme c'est 2500kcal et une femme 2000 kcal par jour.

    C'est la théorie biensur mais c'est encore celle qui tient la route en science.

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  4. J'ai connu des végétariens grano bio équitables tout ce que tu veux et ils sont obèses. En effet, c'est pas juste une histoire de qualité mais bien aussi de quantité. Et puis, de l'huile d'olive, c'est à peu près ce qu'il y a de plus calorique mais c'est bon, grano, bio, etc...

    Pour ce qui est de l'activité physique et du 150 minutes par semaine ou autre ligne directrice, ça ne garantit pas d'être svelte. C'est un niveau recommandé pour lequel des bénéfices santé furent démontrés empiriquement! C'est tout. Une personne obèse peut pratiquer de l'activité physique et restera obèse comme la personne du 2e commentaire. Cependant, elle sera en meilleure santé métabolique que si elle n'avait pas fait de sport. En fait, en tant que clinicien, je ne m'inquièterais pas trop pour une personne présentant un léger surplus de poids mais active physiquement. Cependant, je ne peux pas en dire autant d'une personne maigre et sédentaire/inactive.

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