vendredi 31 août 2012

Est-ce qu’on peut refuser de traiter une personne obèse?

En parcourant, les nouvelles, une vidéo a capté notre attention. Un médecin de Boston a refusé de traiter une personne sous prétexte qu’elle était obèse. Dans les faits, ce médecin refuse de traiter toute personne ayant un poids supérieur à 200 lb. 

Cette décision va à l’encontre du serment Hippocrate que la majorité des facultés de médecine font encore réciter avant de commencer leur pratique. Bien que plusieurs règles d’étiques doivent être respectées selon la loi, le serment d’Hippocrate fait prendre conscience aux médecins qu’ils font face à des obligations morales et éthiques. Par exemple, le serment dit ‘Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice’. On peut se questionner sur les avantages des patients pesants plus de 200 lb à se faire refuser l’accès à une consultation médicale ! 

La décision de ce médecin pousse les gens à se poser de sérieuses questions. Est-ce qu’on peut refuser une consultation médicale à toute personne qui a un mode de vie qui augmente ses risques de maladies. Par exemple, est-ce qu'un médecin peut refuser de traiter un fumeur pour des problèmes de poumons. La question qu’il faut se poser c’est est-ce que les médecins traitent la condition/maladie, ou la personne? Ces questions ont fait couler beaucoup d’encre en 2012. 

Même si nous ne sommes pas d’accord avec sa décision, nous croyons que cette personne a affirmé tout haut ce que d’autres médecins pensent tout bas. En effet, un sondage effectué au Royaume-Uni a conclu que 54% des 1096 médecins qui ont participé à l'enquête ont répondu par l'affirmative à la question: est-ce que les médecins devraient avoir le droit de refuser les soins aux obèses ou aux fumeurs ?

En conclusion, NON on ne peut refuser un traitement à une personne qui est obèse! Malgré le fait que nous sommes complètement en faveur que tous les citoyens devraient être actifs et appliquer le guide alimentaire canadien, l’obésité est un problème COMPLEXE ET MULTIFACTORIEL. Voici une figure qui représente exactement comment l’équilibre énergétique est difficile à atteindre. Nous vous recommandons d’ouvrir le lien et de regarder combien de facteurs agissent sur la prise alimentaire et la dépense énergétique. Il est donc normal qu’une simple visite chez le médecin ne règle pas le surpoids d’un patient, mais c’est définitivement une partie de la solution. Les médecins devraient participer à la lutte contre l’obésité et non retourner un problème de société à l’individu. Un médecin ne peut à lui seul régler l’obésité de ses patients, car il est un spécialiste d’une seule partie de la figure. Il est donc évident qu’une équipe multi disciplinaire s’impose ! 

vendredi 17 août 2012

Mieux vaut prévenir que guérir : devons-nous mesurer l’IMC ou la capacité cardiorespiratoire ?

La majorité des gens affirment qu’il vaut mieux dépenser l’argent des contribuables dans la prévention plutôt que dans le traitement de l’obésité. Est-ce que ces paroles reflètent la pensée réelle des gens? En juin dernier, le « Center for Disease Control » a émis une recommandation à l’échelle nationale afin que tous les Américains (+18 ans) soient pesés annuellement afin de mesurer leur indice de masse corporel (IMC). Suite à cette évaluation, un individu présentant un IMC égal ou supérieur à 30 kg/m2 sera référé à une équipe de professionnels qui devra intervenir rapidement afin de limiter le gain de poids ou entreprendre une perte de poids. 


Les coûts associés à l’obésité sont énormes (REF) et la prévalence ne cesse d’augmenter tout comme la prévalence des complications associées à l’obésité. Il est donc logique de croire que le gouvernement veut agir afin de minimiser l’impact économique de l’obésité. Certains trouvent cette recommandation surprenante, car, il semble tout à fait normal de croire que les médecins étaient déjà en mesure d’appliquer une telle recommandation. Non ! Seulement 45% des médecins de famille rapporte mesurer l’IMC et seulement 60% d’entres eux recommandent aux patients ayant un embonpoint de perdre du poids (REF). Dans le même ordre d’idées, seulement 56% des médecins de famille offre des stratégies de prévention à leurs patients, rapportant le manque de temps et le fait qu’un acte de promotion n’est pas remboursé (REF)!

De notre point de vue, il serait peut-être préférable de mesurer la capacité cardiorespiratoire (CCR) au lieu de l’IMC. Les pessimistes diront qu’il est impossible de mesurer la CCR en milieu hospitalier. C’est pour cette raison qu’il faut faire une place pour les kinésiologues dans le système de santé. Plusieurs raisons laissent croire que la mesure de la CCR est un excellent choix. Premièrement, cette mesure est un excellent prédicateur de mortalité toutes causes confondues (REF). Deuxièmement, le risque de mortalité chez les individus obèses ayant une CCR élevée est nettement inférieur comparativement aux individus obèses avec une CCR faible (REF). De plus, il existe une forte association entre la CCR et plusieurs problèmes métaboliques (le syndrome métabolique ou le diabète de type 2) (REF)

Ainsi, cette solution permettrait à nos kinésiologues d’avoir une place de choix dans le système de santé. Cette solution nous permettrait d’avoir un excellent indicateur de la santé d’un individu. Elle dégagerait également les médecins de certaines taches. Encore plus important, cette mesure mettrait l’accent sur l’augmentation du niveau d’activité physique, ce qui est moins décourageant comparativement à la perte de poids qui est difficilement atteignable à long terme. 

En conclusion, comme toutes recommandations, il y a des bons et des mauvais côtés. Le bon côté c’est que la prévention des conditions chroniques devient une priorité et que cette recommandation rappelle aux médecins de famille qu’il est important de peser tous les patients annuellement. Les mauvais côtés sont qu’on recommande un mode de vie sain seulement aux gens obèses, et on augmente la prise en charge des médecins. 


vendredi 3 août 2012

Avons-nous dépassé le seuil du droit à la liberté de sélection de nos aliments ?


Malgré l’importance qu’on accorde à l’image corporelle dans notre société, le nombre d’individus obèses ne diminue point. L’ampleur de la problématique nécessitera sans doute un effort collectif pour amortir le fléau. Les médias ne cessent de nourrir l’impact que pourrait avoir une taxe sur les aliments riches en gras saturés ou encore en sucre afin de contrer l’obésité via la diminution de la consommation de ces produits. Cette solution semble simple et logique, mais au contraire elle peut s’avérer difficile. Par exemple, certains aliments riches en matières grasses comme les avocats, l'huile d'olive, les poissons gras et les noix procurent des bienfaits pour la santé en dépit de leur teneur élevée en matières grasses. Peut-être faudrait-il tenir compte du type de gras (saturés vs insaturé)? Dans le même ordre d’idées, devrions-nous taxer le coke zéro alors qu’il n’y a aucun sucre dans cette boisson?

Un des problèmes majeurs de cette taxe est que les individus qui consomment occasionnellement ces produits seront également touchés par celle-ci. Même si l’on compare souvent la taxe sur les aliments gras et sucrés à celle de la cigarette, la situation est différente puisque dans le cas de la cigarette la taxe touchait uniquement les consommateurs de tabac alors que dans ce cas-ci, la taxe vise la diminution de l’obésité et par conséquent touche la population entière alors qu’il y a environ 40% de la population sans problème de poids. Ainsi, on peut se demander si nous avons dépassé le seuil nous permettant d’être libre dans la sélection de nos aliments? Certains diront que la modération à bien meilleur goût et que par conséquent c’est à nous, consommateurs, de faire nos choix, mais les études démontrent que la plupart des gens ne peuvent limiter leur consommation de sucre et de gras selon les directives de Santé Canada.

Dans un autre ordre d’idées, le niveau socio-économique influence négativement le niveau d’obésité (REF). En d’autres mots, les individus à faible revenue sont donc plus à risque d’obésité comparativement aux individus ayant un bon revenue. Puisque les aliments qui contiennent beaucoup de masse grasse et de sucres sont souvent peu dispendieux, les gens à faible revenue consomment davantage ces aliments. Ainsi, il est possible que cette taxe affecte de manière importante un sous-groupe de la population. Cependant, une taxe minimale de 20% serait nécessaire pour avoir un effet significatif sur la santé de la population (REF); un pourcentage imposant qui risque de choquer le consommateur, mais qui devrait ravir les autorités ! Malgré cela, l’effet de cette taxe n’est pas chose certaine. En effet, la taxe de vente est appliquée à la caisse seulement et par conséquent n’est pas visible sur les étalages. La taxe pourrait donc être négligée ou non considérée ce qui rendrait la taxe inefficace.

Cependant, l’idée d’une taxe sur les aliments riches en gras et en sucre peut-être intéressante. En effet, les fonds supplémentaires provenant de cette taxe pourraient être utilisés pour compenser le prix des aliments sains afin de les rendre accessibles pour tous! Une autre idée pourrait être d’utiliser l’argent pour éduquer les individus sur la nutrition et les aider à se nourrir sainement à petit prix comme proposé sur ce site (REF).

Ainsi, cette solution de la taxe est intéressante et demande davantage de réflexion afin qu’elle soit efficace cible les individus concernés. Le débat se poursuit et il n’est pas dit, qu’une telle taxe verra le jour.

Cette semaine, le ‘post’ à été écrit par Stephanie Zubrinski, étudiante en Kinésiologie à University of Manitoba.