jeudi 21 juillet 2011

La bioimpédance, un outil intéressant ou un «gadget» pour mesurer le pourcentage de masse grasse ?


On entend de plus en plus parler du pourcentage de masse grasse en plus du poids corporel lorsque les gens tentent de perdre du poids, car il est maintenant possible et abordable de le mesurer.  En effet, il est possible d’avoir une mesure du pourcentage de masse grasse en moins de 5 minutes dans certaines salles d’entraînement, dans le bureau de certains médecins ou même d'acheter son propore appareil pour une modique somme de 30-40$.

Avant de parler de fiabilité, il faut s’interroger sur ce qu’est vraiment la bioimpédance?  C’est un terme utilisé pour décrire l’opposition d’un conducteur au passage d’un courant électrique qui peut se mesurer pour n’importe quel matériau et, dans ce cas, dans le corps humain. La bioimpédance dépend énormément du niveau d’hydratation puisque l’eau est un excellent conducteur d’électricité.  Le fonctionnement de base de l'appareil est très simple. Un aible signal (normalement 50 KHz) est envoyé d’une extrémité à l’autre selon l’appareil (ex. : main à main) et le signal est reçu par l’autre extrémité. La résistance au signal est mesurée par l’appareil ce qui permet l’estimation de la masse maigre ainsi que de la masse grasse avec l’ajout d’information comme le poids, la taille, l’âge, le sexe, etc. Il est donc possible par la bioimpédance d’estimer la masse maigre et de déduire par la suite la masse grasse par le simple fait que la conduction est plus rapide dans la masse maigre que dans la masse grasse. En d’autres mots, plus de résistance = plus de masse grasse. Malgré l'illusion magique de cet appareil, il est important de noter que la bioimpédance tient pour acquis plusieurs constantes qui peuvent être critiquées.  La bioimpédance présume que la masse maigre contient 73% d’eau, que le volume de la masse maigre et de la masse grasse est constant chez tous, et que les segments (bras et jambes) respectent des proportions constantes d’un individu à l’autre.  

Maintenant que l’on connaît le fonctionnement de base de cet appareil, est-ce que ses résultats sont fiables?  La réponse est : «oui et non»!  Les études montrent que si les précautions (voir la liste qui suit ce paragraphe) pour contrôler le niveau d’hydratation sont respectées, les résultats varient de +/- 4% lorsque comparés à une mesure de référence (Heyward 2001)
·                     ·     ne pas manger ou boire 4 heures précédant le test
·         aucun exercice intense 12 heures précédant le test
·         uriner 30 minutes précédant le test
·         aucun alcool 48 heures précédant le test
·         ne pas utiliser des diurétiques durant les 7 jours précédant le test
·         prendre la mesure après 10 minutes debout
·         mesurer à la même période de la journée

Il existe 3 différentes catégories d’appareils : 1- pieds à pied; 2- pieds à main; 3-main à main et chacun de ces différents appareils comportent son lot de limitations même si les précautions sont prises.  Par exemple, si une personne présente une obésité abdominale et que cette dernière utilise une bioimpédance de type pieds à pied, son niveau d’obésité sera sous-estimé.  Il est donc préférable d’utiliser le «pied à main » pour limiter un biais relié à l'équipement (Dittmar 2008).

Malgré tout, certaines études ont montré que la bioimpédance est efficace lorsque toutes précautions sont respectées.  La bioimpédance pourrait différencier le pourcentage de masse grasse entre les gens obèses et ceux de poids sain ou différencier entre les athlètes et les gens sédentaires (Volgyi et al.2008).  De plus, cet appareil pourrait percevoir des changements de masse grasse comparables à ceux observés avec une mesure étalon (Jebbs et al. 2007).

Maintenant que la fiabilité de cet appareil à été discutée, il faut maintenant s’attarder à savoir, si cet appareil ajoute réellement de l’information non accessible avec les mesures anthropométriques?  Encore une fois la réponse est : «oui et non»!  Oui dans le sens que l’indice de masse corporelle, le poids, le tour de taille ou le tour des hanches ne mesurent pas le pourcentage de masse grasse.  Non dans le sens que le tour de taille et le tour des hanches peuvent changer dans l’absence de perte de poids, tous ces indicateurs sont tout de même associés au niveau de masse grasse.   En effet, malgré la croyance populaire, l’IMC est un bon  indicateur du niveau de masse grasse pour une grande partie de la population (Gallagher et al.,2000).

Pour conclure, il est évident que ce type d’appareil est devenu populaire principalement par les échecs répétitifs liés à une perte de poids et peut servir d’outil de motivation.  Cependant, pour le commun des mortels un tel appareil peut malheureusement avoir des sources de biais importantes qui peuvent expliquer tous les changements perçus.  On entend souvent « je n’ai pas perdu de poids, mais mon % de masse grasse à diminué».  C’est peut-être vrai, mais il faut s’assurer que toutes les précautions ont été prises aux 2 occasions comparées.

jeudi 7 juillet 2011

DORMEZ-VOUS SUFFISAMMENT POUR ÉVITER D’ÊTRE OBÈSE ?


 Lorsqu’on parle du surpoids et d’obésité, on a tendance à pointer du doigt une mauvaise alimentation et le manque d’exercice. Néanmoins, lorsqu’on regarde l’augmentation de la prévalence de l’obésité au cours des dernières décennies, l’alimentation et l’exercice ne peuvent expliquer à elles seules cette augmentation. Ainsi, il existe d’autres facteurs, dont le nombre d’heures de sommeil (REF), la pollution (REF), la consommation de calcium (REF), etc. qui ont un rôle significatif, mais négligé dans le maintien d’un poids santé.  Selon  la National Sleep Foundation (2002), le nombre d’heures a diminué  (1-2 heures/jour) au cours des 40 dernières années et cette diminution coïncide étroitement avec l’augmentation de la prévalence à l’obésité.  Est-ce une coïncidence ?

Les recommandations sont claires : un enfant devrait dormir 12 à 15 heures, un adolescent 10-11 heures et un adulte 7 à 9 heures par nuit.  Cependant, le mode de vie Nord-Américain est basé sur le capitalisme, la consommation et on valorise normalement les gens qui dorment peu dû à un grand nombre d’heures consacré au travail. Une étude a d’ailleurs montré que 47% des gens qui dorment 7-8 heures par nuit rapportent qu’ils dorment trop alors que ce nombre d’heures correspond exactement à la norme REF : (Institut d'études marketing et d'opinion internationale/ mars 2006).  L’association entre le sommeil et l’obésité n’est pas négligeable, car cet élément serait, dans certains cas, plus important que le manque d’exercice ou une diète riche en gras REF.


La durée du sommeil est associée à l’obésité, mais serait aussi associée à des problèmes de santé tels que la résistance à l’insuline, le diabète de type 2 et le syndrome métabolique. Cette relation est en forme de U (voir la figure). Chez les adultes, trop de sommeil (> 9 heures) ou un manque de sommeil (< 6 heures) augmentent le risque d’obésité et de problèmes métaboliques REF. Pour l’instant, cette association est très claire, mais les causes ne sont pas encore élucidées. De façon simpliste, la durée de la nuit de sommeil influence l’équilibre énergétique. D’un côté, le manque de sommeil augmente le désir de manger en agissant sur les hormones de satiété (ghréline, leptine) et augmente le nombre d’occasions de se nourrir. De l’autre côté, le manque de sommeil augmente le niveau de fatigue et diminue la quantité d’énergie dépensée par mouvement involontaire (fidgeting) REF ce qui par conséquent influence à la baisse la pratique d’exercice dans une journée typique.

En conclusion, le temps passé au lit doit être perçu comme un avantage pour la santé et non comme une perte de temps. L’association entre le nombre d’heures passées au lit et les risques de surplus de poids et de complications métaboliques nous indiquent qu’il faut penser plus loin que la diète et le niveau d’exercice pour expliquer l’explosion de la prévalence à l’obésité et que certaines variables telles que le nombre d’heures de sommeil devraient être utilisées en milieu clinique pour comprendre la prise de poids ainsi que la difficulté à perdre du poids.