jeudi 31 mars 2011

Sortir au restaurant un luxe que seul les gens minces peuvent se payer ?


La raison qui pousse les gens à manger de plus en plus au restaurant est définitivement le manque de temps, le manque de connaissances culinaire, l’envie de fêter un évènement, mais surtout parce que C’EST BON. Entre 1977 et 1996, le % de repas consommés au restaurant a passé de 11 à 22 %  (Référence).

Les consommateurs recherchent trois principaux éléments au restaurant : du goût (sel, gras et sucre), un rapport quantité/prix et un excellent service (vitesse et besoins du client). La sommation de ces éléments recherchés peut facilement être retrouvée dans un  fast-food.





Un gros avantage pour les restaurateurs en ce moment c’est qu’il n’existe aucun organisme les obligeant à afficher la valeur nutritionnelle de leurs repas. Par conséquent, la plupart des chaînes de restaurant répondent aux besoins des clients sans se soucier de l’apport énergétique, ce qui est tout à leur avantage. En effet, cette question est si importante que le Centre pour la science dans l’intérêt public (CSPI) a organisé un colloque en 2010, à Montréal . L’objectif principal de cette conférence était de discuter des politiques et des règlementations concernant l’affichage des informations nutritionnelles dans les restaurants.

Malgré le fait que cette règlementation n’est pas en vigueur au Canada, la plupart des chaînes de restauration affichent les valeurs des plats les plus populaires sur leur site internet. Il existe 1 site  web ayant regroupé les plus populaires. Par exemple, tout en gardant en tête qu’une femme devrait consommer 2000 kcal et un homme 2500 kcal par jour pour maintenir un poids sain, un repas quart de poulet (poitrine) avec frites chez St-Hubert renferme 1069 kcal. Ce nombre représente 53% et 43 % de l’apport énergétique quotidien des femmes et des hommes. Une pizza 9 pouces garnies avec jambon ou crevettes chez Boston Pizza renferme 1368 kcal représentant ainsi, 68% et 55% de l’apport énergétique quotidien des femmes et des hommes. De plus, ces 2 plats referment 81 et 120 % de la valeur quotidienne recommandée en sodium. Vous pensez que ces 2 plats font exception ? Parcourez le lien cité plus haut pour constater l’importance du problème. N’oubliez pas que tout ça n’inclut pas le breuvage, le dessert et le bonbon pour digérer ! 

Malgré tout, lorsque l’on va au restaurant, il est possible de trouver des repas intéressants d’un point de vue calorique. Par exemple, le filet de poisson au Normandin (486 kcal), la salade d’épinards et poulet du St-Hubert (534 kcal) ou l’escalope de poulet chez Pacini (679 kcal) sont de bons choix du point de vue calorique. En effet, ces repas représentent chez les femmes et chez les hommes 24 à 33% et 19 à 27% de l’apport énergétique quotidien. De plus, ces repas ont une teneur en sodium raisonnable variant entre 40% et 64% de la valeur recommandée quotidiennement. Bref, d’un point de vue énergétique, il est possible de trouver de meilleurs choix dans les restaurants. Cependant, il faut être sensibilisé et surtout alerte. Par exemple, si on remplace les frites par le riz, est-ce réellement meilleur pour la santé? Est-ce hypocalorique? Qu’elle est la différence? Tout est une question de portion. En effet remplacer des frites pour du riz c’est meilleur pour la santé (moins de  gras) cependant, le nombre de calories peut être similaire selon la portion et du même coup annule les bienfaits du riz au point de vue calorique.  Souvent les gens consomment des noix et de la graine de lin etc. parce que c’est bon pour la santé, cependant c’est extrêmement calorique.

Ensuite, nos vieilles croyances peuvent nous jouer des tours. Par exemple, demandez à n’importe qui s’il est meilleur pour la santé de prendre un muffin grains entier ou un beigne au chocolat? Il vous répondra oui sans hésiter le muffin! Cependant, regardez la comparaison ici-bas tirée du site internet de Tim Hortons.






En guise de conclusion, il ne faut pas se méprendre, manger au restaurant par obligation ou par plaisir provoque normalement un apport énergétique supérieur à nos besoins. Il faut seulement prendre en considération qu’il faudra couper dans l’apport énergétique des autres repas de la journée afin d’atteindre un équilibre énergétique. Le prochain post fera un suivi du sujet actuel sur l’impact de l’affichage nutritionnel sur le comportement des consommateurs.

vendredi 18 mars 2011

Le foutu métabolisme de repos !

Qui n’a pas condamné le métabolisme de repos (MR) pour expliquer une prise ou une perte de poids? Puisque le problème d’obésité est classé par l’Organisation mondiale de la santé comme une épidémie et que les causes de l’obésité sont multiples, un MR lent ne peut à lui seul expliquer le problème d’obésité.

Tout d’abord, c’est quoi le MR? Le MR c’est : la quantité d’énergie qu’un organisme, à jeun, dépense, à température ambiante, dans un état de repos physique et mental». En d’autres termes, le MR correspond à l’énergie utilisée par le corps pour maintenir les fonctions vitales de l’organisme (respirer, réchauffer, fonction du cerveau, etc.). Cette quantité d’énergie représente 60-75% de la dépense énergétique totale de l’individu. Plus précisément, le MR correspond à 30 kcal/kg/jour chez l’humain, 55 kcal/kg/jour chez le chien et 225 kcal/kg/jour chez le mulot ! Donc, le MR varie selon les espèces. Ainsi, il est logique de croire que le MR varie en fonction du poids corporel.


Il existe de nombreux facteurs impliqués dans l’explication des différences inter-individuelles du MR. Néanmoins, la masse maigre serait le principal déterminant du MR. Concrètement, deux hommes du même âge et du même poids, mais avec une masse maigre différente devraient normalement présenter un MR différent.

Source 

Dans un autre ordre d’idées, les gens qui présentent un surplus de poids ont normalement une masse musculaire importante. De plus, lorsque les gens prennent du poids, il y a un gain de masse grasse, mais également un gain de masse maigre. Conséquemment, le MR augmente avec la prise de poids et non le contraire! Dans les faits, lorsqu’on compare des individus obèses avec des individus de poids sain, il se trouve que les obèses ont un MR plus élevé comparativement aux gens minces. Similairement, il y aurait d’importantes variations du MR à l’intérieur des différentes catégories d’obésités démontrant ainsi le lien entre le poids corporel, la masse maigre et le MR LIEN.

Bref, avant de blâmer le MR il faut d’abord le connaître…Règle générale si on prend du poids, le MR augmente et si on en perd il diminue. Il faut donc ajuster l’apport énergétique en conséquence afin de répondre aux nouveaux besoins. Néanmoins, il ne faut pas généraliser et tout ramener à un seul concept. Dans une étude effectuée par notre groupe de recherche nous avons démontré que certaines femmes ménopausées augmentent leur MR suite à une perte de poids, malgré la théorie énoncée plus haut LIEN.

De manière intéressante, d’autres facteurs sont responsables des variations du MR, cependant leur contribution est moindre puisque la masse musculaire expliquerait environ 75% du MR. En effet, le sexe (plus élevé chez les hommes), l’âge (diminue avec l’âge), le tabagisme (augmente), le niveau d’activité physique, certaines conditions climatiques (ex. température externe), certaines hormones et même les polluants atmosphériques sont des facteurs qui agissent sur le MR.

Malgré le fait que le métabolisme explique en grande partie la dépense énergétique totale d’un individu, il faut comprendre que les bonnes habitudes de vie pour favoriser un équilibre énergétique sont de mises indépendamment du poids corporel et des autres facteurs pour atteindre un objectif de santé optimale !

Pour votre intérêt personnel, en gardant en tête qu’une femme doit consommer environ 2000 kcal et un homme 2500 kcal par jour vous pouvez estimer votre MR (kcal/jour) grâce à une équation en connaissant votre poids, taille et âge comme suit :

Femmes : 9,74 X poids en kg+ 172,9 X taille (m) -4,737 X âge + 667,05

Hommes : 13,71 X poids en kg+ 492,3 X taille (m) -6,67 X âge + 77,61

REF : Roza et Shizgal (1984).

jeudi 3 mars 2011

Quel est le rôle des images sur la perception des gens obèses ?

Est-ce qu’il faut accepter ou blâmer les obèses? Dans le cas du tabagisme la société a décidé de mettre le blâme sur l’individu entre autres en ayant les publicités-chocs sur les paquets de cigarettes depuis 2001. L'objectif de ces images est de décourager les fumeurs (surtout les jeunes) et d'informer sur les dangers associés au tabagisme. Malgré tout, selon le porte-parole du groupe BAT (British American Tobacco), aucune étude n’a démontré, à ce jour, l’efficacité d’une telle initiative dans la lutte antitabac. Sommes-nous rendus là avec la problématique de l’obésité? Croyez-vous qu’il est approprié de mettre des images-chocs sur les emballages de tablettes de chocolat ou  dans les médias afin de combattre le fléau?


Les personnes obèses souffrent énormément de stigmatisation et de discrimination. En effet, les résultats d’une étude démontrent qu’au cours des dernières années la discrimination à l’égard des personnes obèses aurait augmentée de 66% (Andreyeva et al. 2008) atteignant ainsi le taux de discrimination associé au racisme (Puhl  et al. 2008). Cette stigmatisation est sans doute le résultat de notre société ultra compétitive, performante prônant la perfection (minceur à tout prix particulièrement chez les filles). Ainsi, lorsque de telles caractéristiques sont perçues comme un idéal à atteindre, il faut s'attendre à observer de la discrimination, de la stigmatisation et des injustices face aux gens qui ne cadrent pas dans la norme sociale.
Sans nécessairement le vouloir et sans surprise, les médias peuvent contribuer à cette discrimination en propageant des images stéréotypes de l’obésité. Les images en provenance des journaux, de l’internet ou de la télévision qui affichent des gens obèses dans différentes situations de la vie courante peuvent, à elles seules, avoir un rôle sur la perception que nous avons d’une personne.
Par exemple, lorsque les médias abordent la question de l’obésité, ils présentent la majorité du temps, des individus avec un grade III d’obésité (obésité morbide). Selon nous, ce genre d’images-chocs contribu à renforcer un message réel, mais exagéré, car la plupart des gens ayant un surplus de poids ne sont pas obèses morbides (2,7% au Canada). Néanmoins, ces images pourraient contribuer négativement à l’attitude des gens envers les personnes obèses. C’est du moins ce qu’une récente étude conduite par McClure et al. (2010) démontre. En effet, cette étude rapporte que les gens ont une attitude négative ou une vision péjorative à l’égard des individus obèses lorsqu’ils voient une image stéréotype d’un obèse. Chacun des 188 participants (aléatoirement divisé en 4 groupes) devait lire un article neutre sur la hausse du nombre de gens obèse au pays qui était accompagnée d’une des 4 images de personne obèse : 1-obèse qui mange de la malbouffe, 2-obèse qui fait de l’exercice, 3- obèse habillé pour une soirée et 4- obèse de dos qui expose la proportion importante du poids corporel. On a ensuite évalué la perception des individus obèses grâce à 14 adjectifs qui identifient le mieux leurs perceptions des gens obèses (lâche, manque de contrôle, pauvre estime de soi, etc.). Les chercheurs ont conclu que l’opinion des gens à l’égard des personnes obèses variait suite au type d’image qui accompagnait l’article.
Un autre exemple de discrimination suite à l'exposition d'images de gens obèses est la perception que nous avons des obèses face à leurs compétences dans le milieu de travail. Jean-François Amadieu, sociologue français spécialiste des relations sociales au travail, a fait l’expérience. Pour deux offres d’emploi en commerce, deux CV de candidats, ayant le même niveau de compétences, ont été envoyés. Le premier CV présentait la photo d’un candidat au physique standard tandis que, sur le second, la photo (transformée par l’informatique) était celle d’une personne avec une forte surcharge pondérale. Les chercheurs ont constaté que les candidats obèses avaient trois fois moins de chances de décrocher une entrevue LIEN.
En conclusion, les images stéréotypes de l’obésité influencent la perception des gens face aux individus obèses. Cela étant dit, il faut se questionner en tant que société à savoir si l’on veut mettre le blâme sur l’individu ou sur la société. Si notre réponse est l’individu, nous devrions peut-être augmenter le nombre d'images négatives des obèses sur la malbouffe, à la TV, dans les médias, etc. Si notre réponse est la société, il faudrait bannir les images qui nuisent à la perception négative des obèses et s’attaquer aux causes sociales de l'obésité.