jeudi 25 novembre 2010

Est-ce que la liposuccion peut contribuer à la réduction du surpoids?


La liposuccion est la deuxième chirurgie esthétique la plus répandue dans les pays industrialisés. En effet, selon l’American Society for Aesthetic Plastic Surgery, plus de 341 000 interventions ont eu lieu en 2008.

La liposuccion est une intervention d’une durée variant entre 30 minutes et 2 heures. Les endroits corporels majoritairement ciblés pour le retrait de la masse adipeuse sont : le menton, les fesses et l’abdomen. Lors de cette intervention, on retire une bonne quantité de tissu adipeux pouvant même aller jusqu’à 4 litres cependant, au cours de cette chirurgie, d’autres liquides sont également retirés. En effet, jusqu’à 45 % du volume sanguin (Fodor 1995) peut être retiré et par conséquent se doit d’être remplacé. Pour éviter certaines complications liées à une diminution trop importante du volume sanguin, on insère,avant la chirurgie, du liquide pour compenser ces pertes de volume sanguin.

Cette intervention est normalement proscrite entre autres pour les gens diabétiques, obèses, hypertendus, chez la femme enceinte et une femme qui prend la pilule contraceptive.

Tout comme dans la plupart des programmes de perte de poids, les gens rêvent d’une stratégie miraculeuse permettant d’éliminer le surplus de poids, et ce, en un temps record.Tel que discuté ci-haut, la liposuccion est une chirurgie qui consiste à  retirer le tissu adipeux dans les régions majoritairement périphériques, ainsi son impact sur la santé est douteux. Un article publié dans la prestigieuse revue scientifique «The New England Journal of Medicine » démontre un individu avant et après une liposuccion (Figure 1). On constate avec l’image de la tomographie axiale que le tissu adipeux retiré est principalement en périphérie et non au niveau viscéral.



Figure 1 : Coupe de l'abdomen avant et après l'intervention Source : (Klein et coll., 2004)
 
Puisque le tissu adipeux périphérique n’est normalement pas néfaste pour la santé des individus, très peu sinon aucune amélioration de la santé métabolique (tension artérielle, taux de glycémie, cholestérol,etc.) n’est perçue suite à une telle opération (Klein et coll., 2004; Hamdy et coll.,2006). Dans le même ordre d’idées, même le maintien d’une réduction importante du poids corporel grâce à la liposuccion après 4 ans n’améliore pas la santé métabolique comparée à la situation pré-intervention. Ce qui est d’autant plus alarmant, c’est qu’avec la liposuccion, une méthode invasive, les gens perdent la même quantité de poids que ceux qui adhèrent à une diète ou une combinaison de la diète et de l’exercice (méthode non invasive) sans toutefois en obtenir les bénéfices associés.

Malgré le fait que la chirurgie démontre des résultats positifs en terme de perte de poids, il y a des inconvénients associés à cette procédure :
1-    Le tissu adipeux reviendra avec le temps si l’individu ne modifie pas la raison qui expliquait ce surplus de poids préopératoire.
2-    Le tissu adipeux périphérique qui est retiré durant cette chirurgie n’améliore en rien la santé métabolique.
3-    Cette intervention nécessite normalement une anesthésie générale.
4-    Il y a un risque de complications (embolie pulmonaire, infections, des phlébites, carence en fer ou des saignements locaux (Rothmann et al 2004)
5-    Cette stratégie donne des résultats optimaux pour les gens âgés de moins de 40 ans, ayant une importante quantité de tissu adipeux périphérique et un poids normal.

Selon un site internet français, la chirurgie coûte de 900 à 4000 $ par région sélectionnée. LIEN. Aucun frais n’est  remboursé par les assurances et aucun employeur n’offre des congés de maladie en cas de complicationspostopératoires.

Somme toute, sur la base de notre ce court aperçu de ce qu’est la liposuccion, ce type d’intervention est seulement intéressant pour des gens ayant des poignées d’amour légères sans problème de santé et ayant de l’argent pour expérimenter une perte de poids encore une fois probablement temporaire. Finalement, pour toutes ces personnes obèses, la liposuccion ne va pas devenir la solution miracle.

jeudi 11 novembre 2010

Est-ce qu’être obèse mais en bonne forme physique assure une bonne santé ?


          Le concept « Fit but Fat » est basé sur des données scientifiques démontrant un certain paradoxe face à l’obésité. Il est possible d’être à la fois obèse et en forme [bonne capacité cardio-pulmonaire (CCP)]. Il est aussi possible d’avoir un poids sain, mais présenter une faible CCP. Le concept d’obèse ayant une bonne CCP suggère que la condition physique atténue les risques métaboliques, cardiovasculaires et de mort prématurée indépendamment du niveau d’obésité.  La question qui brûle nos lèvres est lequel de ces deux profils est mieux pour la santé d’un individu? Ce post porte donc sur la comparaison entre ces deux groupes d’individus.
          Normalement la CCP est mesurée par un test à l’effort qui impose une augmentation progressive de l’intensité à l’effort se traduisant par une augmentation de la fréquence cardiaque, de la consommation et de l’utilisation d’oxygène. De façon simpliste, plus un individu a une bonne CCP, plus il est capable de transporter et d’utiliser l’oxygène au cours d’un test d’effort et ce, peu importe si le test estime la CCP (ex. course de navette au gymnase) ou la mesure objectivement (ex. protocole de Bruce au laboratoire). Cette valeur est énormément influencée par la génétique alors que l’entraînement permet de l’augmenter jusqu’à un maximum de 25% indépendamment de la modalité de l’entraînement comme le démontrent la figure ci-dessous. Cette étude comparait trois différentes interventions [Groupe 1 : volume faible/intensité modérée (19,2 km/sem à 40-55% de la CCP), Groupe 2 : volume faible intensité élevée (~ 32 km/sem à 65-80% de la CCP), groupe 3 volume élevé/intensité élevé (~ 32 km/sem à 65-80% de la CCP)] LIEN. Après six mois d’entraînement, on note une amélioration linéaire entre le volume/intensité et le pourcentage d’amélioration du CCP pouvant aller jusqu’à 19%.



          Existe-t-il beaucoup d’obèses avec une bonne CCP? Comment catégoriser bonne et mauvaise CCP? Une étude récente permet d’établir que 8,7% des gens âgés de 20 et 49 ans serait obèse, mais aurait une bonne CCP. Quels-sont les critères? Selon les spécialistes du domaine, les individus se situant dans le 40e percentile supérieur de leur catégorie (âge et sexe)  considérés comme ayant une bonne CCP, car ce niveau est associé à un faible risque de maladies chroniques. De l’autre côté, les individus se situant dans le 20e percentile inférieur de leur catégorie sont considérés ayant une faible CCP LIEN.
Il faut savoir que la CCP est un facteur de risque pour plusieurs maladies chroniques indépendamment du niveau d’obésité. En d’autres mots, peu importe le poids corporel d’un individu, son risque  de maladie chronique et de mort prématurée est diminué s’il est en bonne condition physique. Ainsi, la question importante est : Est-ce qu’un individu obèse avec une bonne CCP présente les mêmes risques de maladies métaboliques, cardiovasculaires ou de mort prématurée comparativement à un individu de poids sain avec une mauvaise CCP? 
          Basé sur les données de l’Aerobic Center Longitudinal Study, le fait d’être obèse avec une bonne CCP rend ce groupe d’individu moins à risque de mortalité (toutes causes), de maladies cardio-vasculaires (Lee et al.,1999), de diabète de type 2 (Church et al.,2004), du syndrome métabolique (Church et al., 2004) d’incapacité physique chez les personnes âgées (Huang et al.,1998) comparativement aux individus de poids sain avec une mauvaise CCP. La figure suivante qui porte chez les femmes démontre bien ces propos (Farrell et al.,2002). Cependant, peu importe la population ou la condition métabolique étudiées, le résultat est similaire.


          Dès lors, la CCP est plus importante que le poids corporel pour la santé métabolique.  Alors oui, dans ce contexte il est plus avantageux d’être obèse et en forme plutôt que mince et en mauvaise forme  physique. CEPENDANT, ces résultats doivent être nuancés puisque l’obésité et le niveau de condition physique n’ont pas seulement un impact sur la santé métabolique des gens! Tant mieux si les gens considérés obèses deviennent actifs suite à la prise de conscience de ces résultats, mais il ne faut pas oublier les variables telles que le risque de dépression, une faible estime de soi, l’arthrite, l’apnée du sommeil dont les obèses sont plus à risque indépendamment du niveau de forme physique.

          En guise de conclusion, le meilleur scénario restera toujours d’avoir un poids santé et une bonne santé cardio-pulmonaire. Cependant, en ce qui concerne les maladies cardio-métaboliques (diabètes, tension artérielle, cholestérol,etc) si un obèse n’arrive pas à perdre du poids de façon permanente, l’exercice pourra du moins diminuer le risque d’apparition de ces conditions. De toute façon, la bonne nouvelle c’est que l’exercice améliorera la CCP, votre santé métabolique tout en améliorant vos chances de perdre du poids à long terme.