vendredi 17 septembre 2010

Chirurgie de l’obésité pour diminuer la prévalence de l’obésité : Une solution pour tous?

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la chirurgie bariatrique est le meilleur traitement sinon le seul, pour vaincre l’obésité morbide. Le but de ce «post» est de présenter certains faits sur la chirurgie bariatrique pour que vous puissiez vous faire une opinion sur cette thématique. 

Qu’est-ce qu’une chirurgie bariatrique? 

Il existe plusieurs types de chirurgies bariatriques, mais elles se divisent en deux types de catégories : 1) les chirurgies restrictives (anneau ajustable) qui visent la réduction la capacité d’ingestion ou 2) les chirurgies malabsorptives mixtes (dérivation biliopancréatique, dérivation gastrique en roux Y) qui visent à la fois une diminution de la capacité d’ingestion et de l’absorption des nutriments. Néanmoins, l’objectif commun est de créer une balance énergétique négative par l’une ou l’autre des méthodes. La chirurgie mixte est plus populaire et plus efficace. 

La RAMQ couvre depuis le 15 mai 2009 tous les coûts de la chirurgie bariatrique pratiquée en milieu hospitalier sans toutefois couvrir les frais liés à la chirurgie esthétique suite à la chirurgie. Aux États-Unis, les femmes constituent plus de 80% de la clientèle pour ces chirurgies. Entre 1998 et 2004) le groupe d’âge ayant connu la plus grande croissance de chirurgie de l’obésité est celui des gens de 55 à 64 ans (20 fois plus élevé).

Pourquoi s’intéresser à la chirurgie bariatrique? 

Au Québec seulement, 80 000 personnes souffrent d'obésité morbide et sont donc éligibles à une chirurgie pour diminuer leur poids corporel. 700 Québécois subissent, chaque année, une chirurgie de l’obésité pour les aider à retrouver un poids santé. Les autres devront attendre entre 2 et 5 ans pour espérer se prévaloir de ce genre d'intervention. 

En 2009, le ministre de la Santé du Québec a annoncé un investissement de 29 millions de dollars sur trois ans pour augmenter le volume d’intervention en chirurgie bariatrique (3000 en 2011), pour ainsi réduire l’attente pour le traitement de l’obésité morbide par chirurgie. Cette décision a évidemment bien été reçue par la coalition contre l'obésité morbide LIEN. Cependant, cette action politique pousse la communauté scientifique à se poser la question suivante : L’augmentation de l’accessibilité au traitement pourrait-elle envoyer le message qu’il n’est pas nécessaire de modifier ses habitudes de vie et attendre sa place en chirurgie?

Même si la chirurgie de l’obésité est intéressante au niveau de l’individu par la perte de poids importante 32-53 kg (Maggard et al.,2005) , il n’est pas encore démontré clairement si le rapport coûts-bénéfices est favorable et donc si le gouvernement devrait augmenter le nombre de chirurgie annuelle pour diminuer les couts reliés à l’obésité. 

À qui s’adressent les chirurgies de l’obésité ? 

Une personne est admissible à la chirurgie si elle: 1- à un IMC de plus de 40 kg/m2 (ou plus de 35 kg/m2 avec plusieurs complications), 2- à échoué un ou plusieurs programmes de modification des habitudes de vie, 3- présente des comorbidités liées à ce surplus de poids et 4- normalement âgée de 18-60 ans. Cependant, ses critères peuvent varier selon le cas. 

Le changement des habitudes de vie à t’il encore une place dans le traitement de l’obésité? 

BIEN SÛR! Premièrement, on doit se rappeler que la chirurgie bariatrique ne s’applique qu’à une partie des gens obèses (normalement avec IMC ≥ 40 kg/m2 ou ≥ 35 kg/m2 si présence de complications) et que le changement des habitudes de vie demeure la thérapie de base pour les autres personnes ayant un problème de poids à un niveau d’IMC inférieur. De plus, la chirurgie de l’obésité est seulement recommandée si le patient a échoué un ou plusieurs programmes de modification des habitudes de vie sur une période d’au moins 1 an. 

Les patients qui diminuent leur poids de 5 à 10 % avant l’opération réduisent de façon importante le risque de complications postopératoires (Benotti et al.,2009) ce qui démontre qu’un changement des habitudes de vie préopératoire est recommandé. Aux Etats-Unis, il existe un registre de gens qui ont perdu plus de 30 lb sans intervention chirurgicale et qu’ils l’ont maintenu sur une période minimale d’un an LIEN. Ce registre a permis la comparaison du maintien de la perte de poids avec des patients qui ont expérimenté une perte de poids similaire suite à une chirurgie de l’obésité. Un article récent ayant comparé ces 2 groupes démontre qu’après 1 an de suivi les 2 groupes maintiennent le poids perdu de façon similaire LIEN. Dès lors il est possible de perdre du poids et de le maintenir sur une bonne période de temps sans chirurgie mais, comment ? 78% déjeune chaque matin, 75 % se pèse 1 fois par semaine, 62% écoute moins de 10 heures de télé par semaine et 90% d’entres-eux rapportent faire 1 heure d’exercice par jour. 

Bref, la chirurgie n’a pas la prétention d’être la première solution, mais plutôt comme une solution de dernier recours non souhaitable qui peut grandement augmenter la qualité de vie tout comme l’espérance de vie à condition d’être motivé à modifier ses habitudes de vie avant et après l’intervention afin d’optimiser le succès de l’intervention.

mercredi 1 septembre 2010

Boissons énergisantes et obésité ?

Au cours des dernières années, notre société a fait face à une augmentation de la popularité des boissons énergisantes et ce, principalement chez les jeunes. Mais, premièrement, qu’est-ce qu’une boisson énergisante? Elle sert à fournir un surplus d'énergie et une stimulation physique et mentale pour une courte période de temps. Il ne faut pas la confondre avec une boisson énergétique qui elle est destinée aux sportifs afin de remplacer la perte d’électrolytes durant une séance d’exercice.

Contrairement au café, les enfants et les adolescents boivent des boissons énergisantes. On retrouve dans une boisson énergisante autant de caféine (environ 80 mg) que dans une tasse de café.  Sachant que la dose maximale de caféine est de 2,5 mg par kilo chez les 12 ans et moins (eg.75 mg pour une enfant de 30 kg) ce phénomène est excessivement alarmant d’un point de vue de santé publique. Principalement pour cette raison, de nombreux chercheurs s’attardent à mieux quantifier les dangers potentiels associés à ces produits surtout si consommés à plusieurs reprises quotidiennement.  Cependant, en dépit des dangers potentiellement associés à ces boissons (causé par la caféine), un point non négligeable est de savoir si la consommation de ce type de breuvage à teneur élevée en calorie joue un rôle indépendant sur la prévalence de l’obésité.

 La présence de ces  boissons est très importante et ce, dans tous les lieux publics. Leurs allures « in » ainsi que leur promotion agressives font que les Red Bull, Monster, Hype etc. augmentent en popularité. En effet, certains adolescents affirment même que boire une boisson énergisante c’est plus cool que de boire un Coke. Récemment, une enquête canadienne rapporte que 30 % des garçons et 12 % des filles âgé de 12 à 17 ans consomment ce type de boisson chaque semaine. Chez les jeunes adultes, la proportion d’adeptes augmente aussi. En effet, 51% des étudiants universitaire (âge 21,5 ± 3,7 ans) consomment au moins 1 canette par mois dont 74% avec sucre (non des succédanés). De plus, les étudiantes en consomment plus (53%) comparativement aux étudiants (42%).

La caféine et les autres produits stimulants incluent dans ces boissons peuvent augmenter la fréquence cardiaque, diminuer la résistance à l’insuline, augmenter l’oxydation des lipides, augmenter le niveau de satiété ce qui pourrait avoir un influence positive sur la dépense énergétique et l’obésité.  Cependant, même si les ingrédients stimulants de ces boissons énergisantes pourraient potentiellement augmenter la dépense énergétique, ces boissons contiennent beaucoup de calories vides ce qui augmente normalement l’apport énergétique totale de la journée. Par exemple, si vous consommez 3 canettes par semaine (entre 100 à 140 kcal par portion), vous absorbez quelques 300 calories supplémentaires par semaine en provenance de ces boissons. Dès lors, au bout d’une année vous pèserez 4,45lb de plus si vous maintenez le même mode de vie. Cette association d’ailleurs été démontré dans une importante revue systématique où les auteurs démontrent qu’au même titre que les autres boissons qui contiennent du sucre (jus, boissons énergétiques, cafés gourmets ou boissons gazeuses) les boissons énergisantes peuvent contribuer à l'obésité.  Un autre argument qui va dans le même sens c’est que ces boissons encouragent la surconsommation par leurs gros formats  (normalement 710 mL) et les différentes promotions qui y sont associées. De plus, elles sont vendues en cannettes ce qui nécessite une consommation après l’ouverture.

    Dr.Rush, de l’université d’Aukland en Nouvelle-Zélande, vient tout juste de publier un article fort intéressant sur le sujet.  Elle et son équipe administrait 250 ml de limonade après une 12 heures à jeun à des participantes et 250 ml de boisson énergisante un autre matin aux mêmes filles.  Elle a constaté que le sucre contenu dans les deux types de boissons augmentait la glycémie très rapidement.  Cependant, dans le deuxième essai, le sucre était transformé plus rapidement en lipides et stocké en plus grande quantité que lorsque la limonade était ingérée. Ils conclurent que la combinaison de sucre avec caféine et guarana et autres stimulants augmente la quantité de lipides stockés comparativement à la consommation de sucre seule. Cette étude a été effectuée chez seulement 10 femmes d’âge adulte, mais démontre des observations préliminaires très intéressantes. De plus, cette étude a suscité beaucoup d’attention médiatique malgré la petite taille d’échantillon.

En conclusion, la sécurité de telles boissons a déjà été dénoncé par plusieurs et  tout récemment par l'Association médicale canadienne. Cependant, il semblerait que le lien entre l’obésité et ces boissons extrêmement populaires pourraient aussi peser dans la balance pour bannir ce type de produit du marché.